(Photo LOF - Entrée de La faïencerie Bordalo Pinheiro à Caldas)
Teresa a donné l’alerte en diffusant la terrible mauvaise nouvelle : La faïencerie Bordalo Pinheiro va fermer.
La presse confirme « A empresa de Faianças Bordalo Pinheiro.. vai fechar as suas portas na parte de laboração oficialmente no dia 2 de Janeiro 2009, porque, segundo a administração, não há encomendas. »
Jorge Serrano constate que les commandes étant tombé à zéro (spécialement du fait du marché américain) il n’a plus de quoi payer ses salariés, lesquels refusent de cesser le travail.
Pour les portugais - comme l’explique Fernando Rocha dans oestonline - cette faïencerie est évoque le personnage de Zé Povinho, archétype XIX° du portugais populaire.
En réalité le savoir faire de cette faïencerie va bien au delà, elle possède tous les moules du XIX° et un musée bien documenté.
(Photo LOF - panier d'ail et d'oignons, dans le musée de l'usine Bordalo Pinheiro)
Sa touche spéciale avec une engobe brillante fortement plombée et cette pose des couleurs franche et juste ce qu’il faut de maladroit pour évoquer les grandes faïences de Strasbourg ou de Marseille à jamais disparues, les Figuères m’en excusent.
Enfin, la faïencerie a un savoir-faire tout particulier dans les grandes pièces animalières
Les faïenceries ne vont pas bien, Villeroy & Boch malgré un marketing autrement créatif a bien du mal, la manufacture Bourg-Joly de Malicorne-sur-Sarthe va fermer, celle de Varages en Provence aussi.
Michel Roquette, son responsable, disait dans Var Matin ne pas pouvoir rivaliser avec les Chinois « la main-d'oeuvre représente 65 % du chiffre d'affaires ».
Naturellement la seule issue est un marketing de produit de luxe, la création, faire une marque et travailler sa distribution...
ou, comme c’est le cas pour des savoir-faire reconnus Trésor national, comme au Japon, une intervention publique afin de préserver ce qui est un patrimoine culturel essentiel.
(Photo LOF - à deux pas de Caldas da Rainha, investissement privé considérable en bouddhas chinois pour créer une marque de vin)
Bordalo Pinheiro n'est pas Sévres
Il ne semble pas que le caractère patrimonial, au sens de l’identité et de la spécificité portugaise et européenne soit perçu ici dans ce naufrage.
Les Arts Décoratifs et la Fondation d’entreprise Bernardaud ont mis en lumière la renaissance de la décoration de table ("Petits bouleversements au centre de la table" exposition terminée en octobre dernier).
C’est idiot non ?
Ce soir le réveillon à LOF se fera dans des grandes pièces de vaisselle Bordalo Pinheiro.
(Photo © Barnaby Barford of David Gill Galleries : centre de table 2007, la vie dans le parc)
comme c'est triste et je me réjouis d'avoir cédé et pris la soupière en forme de citrouille blanche. j'aime le lustre de ces faïences, il reflète la lumière comme aucun autre, on dirait de la soie. je pleurerai de ne pas avoir quelques pièces de leur vaisselle de Noël d'un rouge incomparable et de ne pas avoir eu le plaisir de visiter leurs fabriques. Et Gien? Survivra-t-elle? l'année 2008 se termine comme elle a été menée! vivement qu'on tourne la page, le 9 de 2009 nous fera monter en spirale, j'espère! Bonne année, Ann et JP.
Rédigé par : louise | 31/12/2008 à 19:43
Quel choc... En effet, le luxe semble être la seule solution viable à notre époque pour sauver ces maisons vénérables. Le luxe ou la sublime momification par les États.
Rédigé par : Phil' | 11/01/2009 à 16:50
Je suis comme Louise triste de n'avoir pu visiter leur fabrique.
Lu dans la presse : en ce moment en Angleterre c'est
l'hécatombe des vieilles maisons plus que centenaires
et qui étaient le symbole de l'économie britrish :
thé et porcelaine Whitard of Chelsea,porcelainiste
Royal Worcester & Spode, maison de couture Hardy Amies (qui habillait la Queen) et le tout dernier
fleuron de la couronne Waterford Wedgwood UK !!....
Le journaliste s'interrogeait "Comment expliquer une
telle disgrace de tous ces grands groupes des arts de la table" ? faîence, porcelaine cristal.
Trop chers peut-être.
Tu as raison JP, il faudrait les sauver en les
classant Trésor National.
Rédigé par : gabriella | 12/01/2009 à 12:22
Ann dit que ce qui est fini c'est le concept d'avoir une
très belle vaisselle pour ta vie
tu achètes pas cher en pensant que tu changeras demain
ce qui compte c'est le petit moment d'émotion avec de l'inédit.
Pas les belles choses.
C'est le reflet de ce que nous sommes devenus avec l'ère des écrans et des
télécommandes.: on zappe
On zappe nos vies, comme nos connaissances, on picore.
Picard fait des très jolies vaisselles , pour un plat, un plaisir et ensuite
fini.
Je me surprends à avoir cette pensée quand la table est mise avec ces
merveilleux Moustier XVIII° à la tulipe
dont le vert et l'émail sont si beaux.
Rédigé par : jp | 12/01/2009 à 13:13
Désolé de venir contredire Ann, mais je ne crois pas que le "tout-jetable" suplantera définitivement le très beau. Je crains plutôt que la haute qualité ne devienne de moins en moins accessible au commun des mortels !
Il nous restera les plaisirs dits "simples", ceux-là mêmes qui ne sont pas forcément éphémères (ni petits).
Sic transit gloria mundi !
Rédigé par : Phil' | 12/01/2009 à 21:09