(Photo LOF - Rafael Bordalo Pinheiro en faïence)
Teresa Perdigão, ethnologue du régionalisme portugais, veut bien nous donner son amitié et son temps.
Elle et ses amies de Caldas da Rainha
nous ont permis de connaître autrement la fabrique de faïences, le musée et la maison de Rafael Bordalo Pinheiro (1846-1905)
La Fábrica das Faianças das Caldas da Rainha commence sa production dans la dernière décennie du XIX°
(Photo LOF - Dauphin mythologique en fontaine )
Tout à fait représentatif de la fin du XIX° Rafael Bordalo Pinheiro combine
- une parfaite connaissance des faïences figuratives du XVIII° notamment des régions rhénanes, des Marseille (on pense aux animaux d’Honoré Bonnefoy, aux légumes de Gaspard Robert etc.)
- Conformément à la tradition portugaise il a une curiosité pour le décor géométrique et les rythmes arithmétiques arabes,
- une volonté de ne pas perdre des héritages
- une jovialité facétieuse, une truculence
- et enfin un incessant entrain de faire, de créer.
Le premier miracle est que la fabrique existe toujours et que les mêmes pièces sont toujours produites dans les moules originaux à côté de créations actuelles
(Photo LOF - Terrine en tête de sanglier )
Le second miracle est que les faïences, réellement incroyables pour certaines pièces, sont restées à des prix abordables.
On peut donc servir la daube de sanglier encore de nos jours, sur la table de chacun, dans une terrine en tête de sanglier à la manière de Strasbourg, le bouillon de poule dans des soupières en poule colorées, la soupe de potiron dans d’énormes potirons oranges magnifiques comme si on était King George lui même.
(Photo LOF - soupière en poule )
Ce sont des bonheurs absolus, des tables merveilleuses qu’il est encore donné de faire
Souvent on trouve ces pièces aux couleurs saturées d’un goût tapageur.
C’est simplement parce que nous ne savons plus les utiliser, elles doivent apparaître sur la nappe blanche à la lumière des bougies et non des allogènes,
il faut aux vaisselles de faïence une table cohérente de couverts et de verres populaires (Casanova décrit la table d’une de ses amours romaines en disant que bien sur elle n’était pas de porcelaine, mais que la faïence était pleine de charme, comme la fille en question)
(Photo LOF - courge petit modèle, la grande soupière en potiron est dans un placard... mais lequel ?)
Il faut apprécier le bruit mat du couvercle qu’on pose, la sonorité du contact de la fourchette, placer sur la table tout un décor … qui
troisième miracle peut être acheté pour rien au magasin de l’usine, à Caldas da Rainha.
Les pièces de second choix (souvent avec des éclats invisibles) sont vendues à des prix si ridicules que nous en emplissons la voiture à chaque visite.
Il ne faut pas s’écouter, il faut épuiser tous les bonheurs encore possibles.
Avant qu'un Bernard Arnault achète la marque...
(Photo LOF - ravier en crabe )
Le restaurant de l’usine a deux fourchettes au Michelin, on y mange dans la une vaisselle Bordallo Pinheiro mélange de modernité et de souvenirs.
Le petit musée exprime bien le XIX° finissant et en face le parque et la maison de Rafael Bordalo Pinheiro sont à voir car sa présence y est toujours.
(Photo LOF - Langouste sur une feuille de laitue en argile locale - dextérité du panier )
Oh, comme j'aimerais une soupière-potiron comme celle
là ! Je suis admirative devant la feuille laitue en
argile, mais le panier en argile aussi ?
Je viens de visiter les collections de cette fabrique
en restant derrière mon écran, très interessant.
Rédigé par : gabriella | 09/09/2008 à 12:32
Oooh bon sang que c'est beau !
Cette poule !
Ce crabe !
Rédigé par : Fincasor | 09/09/2008 à 21:42
Excellemment bien résumé et très claire, cette note.
Caldas (en tant que ville d'eau) et Bordalo Pinheiro, c'est tout un pan de la Belle Époque portugaise, qui fut si agitée politiquement. Une époque bénie, pour un artiste aussi génial, maître incontesté de la caricature. On connaît surtout ses personnages en faïence (dont le fameux "Zé povinho" [Zeph'populo], le curé, le policier) c'est son côté truculent. C'est bien de ne pas limiter son oeuvre (immense) à ses aspects les plus populaires.
Rédigé par : Phil' | 10/09/2008 à 05:04
C'est magnifique !
On sent beaucoup de passion dans ce billet épicurien. Et le fait que Giacomo Casanova y soit associé, n'est pas un hasard.
J'irai à Caldas da Rainha !
Rédigé par : JCP | 17/09/2008 à 08:36
o bom blog sobre uns sitios a descobrir de Caldas da Rainha
Rédigé par : borges pedro lopes | 12/01/2010 à 00:19