Deuxième service : voici l’Abbé Gorse de retour.
Le 19 février 2006 à Besançon, Me J-P Renoud-Grappin estimait ce joli Perronneau "entre 20 et 25000 euros…"
j’écrivais après la vente
« Incroyable résultat pour ce Perronneau : 75000 euros »...
Perronneau serai-t-il indexé sur le prix du pétrole, où l’Abbé Gorce sur le prix du Château Margaux ?
le revoici le 11 juin 2008 chez Libert à Paris estimé 100000 / 150000 €
Amusante notice qui dit que « l'abbé mourut sans prospérité »
que nous souhaitons au vendeur, faute de postérité
Vous jugerez ci-après de la dispersion des prix des Perronneaux
(Photo Piasa - Portrait de Jakob Jacosz Boreel J-B Perronneau 1778 pastel)
Le 27 juin Piasa met en vente un ovale 74 x 60 cm du même Perronneau, pas beau, mais quand même, lot 88 : Portrait présumé de Jakob Jacosz Boreel dont la notice indique avec justesse qu’il existe diverses versions, celle-ci est la version 1778, la dernière.
L’estimation est 4 000 / 6 000 €.
Et enfin last but... le 25 chez Sotheby’s un autre Perronneau, ovale 73,2 x 57,7 cm
magnifique, signé et daté en haut à droite Perronneau / 1773.
Une merveille de la maturité avec un cadre superbe.
Estimation € 15000—20000.
Il s'agit du portrait du 6ème comte de Coventry George William Coventry.
Vous comparerez vous-même, Sotheby’s est bien dans le marché
(Photo Sotheby's - Portrait du comte George William de Coventry J-B Perronneau 1778 pastel)
Perronneau est un artiste dont la recherche évolue sans cesse et qui traduit dans les portraits ses propres atermoiements esthétiques et psychologiques.
La personne représentée ne doit pas faire oublier la qualité intrinsèque
En passant, vous regarderez une huile dans cette vente Sotheby’s, le lot 66 portrait d'Alexandrine Lenormand d'Etiolles (1744-1754) jouant avec un chardonneret
Petit portrait 54 x 45,5 cm signée f Boucher – 1749 € 60000- 80000
La petite Alexandrine est la fille de la Pompadour, jeune épouse de Lenormant d'Etiolles née en août 1744 et morte à l’age de 10 ans.
La Pompadour séduit Louis XV en 45.
Alexandrine a 5 ans sur ce portrait.
La notice (excellente) rappelle l’existence d’une version disparue au pastel dans l'inventaire après décès de madame de Pompadour.
(Photo Sotheby's - Portrait d'Alexandrine Lenormand d'Etiolles par Boucher 1749, hst, détail)
Emouvant portrait dans une robe de la couleur de celle de sa mère, la mort d’Alexandrine que sa mère a élevée, a été un déchirement pour la Pompadour
De digression en digression
juste un mot sur un autre portrait à l'huile, du plus haut niveau : chez Bonham’s le 9 juillet à New Bond Street vente 15948, lot 21 : le portrait de l’Abbé Jourdan 55.2 x 46.2 cm par Joseph-Siffred Duplessis (Carpentras 1725-1802 Versailles)
C’est pas un pastel, c’est pas une vente de juin, mais c’est beau.
(Photo Bonham's - magnifique portrait de l’Abbé Jourdan, par Joseph-Siffred Duplessis - hst, détail)
N. Jeffares - Dictionary of pastellists before 1800 - reproduit page 175 un portrait au pastel du même Abbé Jourdan - chanoine de la Cathédrale Saint-Louis de Versailles - par le même Duplessis, ressemblant - ovale 80 x 65 cm.
Pour revenir à la vente du 24 juin chez Sothebys, le lot 74 : Portrait de Madame de Saint-Huberty, née Anne-Antoinette-Cécile Clavel, cantatrice française (1756-1812) est un bel ovale 65,5 x 54 cm
Lui aussi est une huile dont il existe un pastel par Louise Vigée-Lebrun au musée municipal de Saint Germain-en-Laye.
(Photo Sotheby's - Portrait d'Anne-Antoinette-Cécile Clavel, épouse Saint-Huberty, hst)
Le 25 retour chez Piasa avec le portrait de Marie-Thérèse Legendre de Villemorin, fille du fermier général que Piasa attribue à Marie-Victoire Lemoine - pourquoi pas Antoine Vestier ? - ovale 71 x 64,5 cm.
Ce pastel datant manifestement du début de la décennie 90, elle devait avoir la quarantaine, ce qui ne ce voit pas.
En tout cas, elle aimait les coiffures périlleuses
Estimation (optimiste) 4 000 / 6 000 €
(Photo Piasa - Portrait de Marie-Thérèse Legendre de Villemorin, pastel )
Faute de temps, le blog n'a pas commenté les deux portraits vendus chez ANAF, à Lyon le 26 mai dont celui attribué sans fondement à Joseph Vivien.
Chez Tajan, vente 8838 - Lot 90 le 26 juin 2008 ...deuxième service également, retour de la jeune fille attribuée à Jean Valade ci-contre qui était présentée lot 55 de la vente 8831 du 9 avril
Elle est toujours jolie mais personne ne l’aime
L’estimation n’a pas changé € 2500-3000
LOF a acheté € 2000 l’autre femme inconnue de la même note chez Piasa le 10 avril dans un joli cadre d'époque
On ne peut pas résister aux jolies inconnues si elles sont à des prix abordables, mais leur chance de nous séduire diminue si elles insistent un peu hors du marché.
Pour terminer cette note trois portraits de la Galerie Alexis Bordes
(merci beaucoup d’avoir autorisé leur publication sur ce blog) 19, rue Drouot - 75009 Paris
ils figurent sur le catalogue en ligne.
Le premier - 69 x 56 cm - est un Liotard, qui n’est pas inédit contrairement à ce qu’écrit le catalogue, puisqu’il est reproduit par Neil Jeffares page 345, il s’agit du comte d’empire Anton von Kauniz qui est passé chez Sotheby’s (avec son épouse) en 2004
Kauniz était au cœur du renversement des alliances, à Vienne de 1749 à 1753.
Le portrait est du pur Liotard, la pose, la lumière, le fond orcre, la demi Lumière, l’expression, le catalogue remercie « Marcel Roethlisberger de nous avoir confirmé l’authenticité de notre pastel qui sera intégré dans le catalogue raisonné à paraître prochainement sur l’artiste »
Beau Liotard
(Photo Galerie Alexis Bordes Portrait d’Anton von Kauniz Liotard pastel)
Le second est le portrait présumé du duc de Choiseul attribué à Claude Hoin malgré la taille 92 x 73,5 cm qui n’est pas un gabarit de Hoin.
Si le duc de Choiseul ici représenté est Étienne-François, comte de Stainville 1719-1785, il
a une quarantaine d’année, le portrait daterait donc 1755 – 1765. Or ni le costume ni l’age de Hoin ne correspondent puis que Hoin est né en 1750
Il s’agit plus probablement – la ressemblance y est - du duc Claude-Antoine Gabriel de Choiseul-Stainville (1760-1838) qui justement a vécu en Angleterre (le catalogue note l’influence anglaise, il n’y a pas de doute là-dessus)
Il fut élevé à Chanteloup par Etienne François son oncle
Rentré en France en 1801 il est nommé Pairs de France à la Restauration.
(Photo Galerie Alexis Bordes Portrait du duc Claude-Antoine Gabriel de Choiseul-Stainville)
Enfin un magnifique pastel 56,4 x 46 cm papier sur carton dans son cadre que la galerie attribue à François-Hubert Drouais 1727 - 1775
Le catalogue écrit « Les pastels de Drouais sont rares ». C’est vrai… surtout les hommes, bien qu’il ait été un pastelliste productif.
Il faut savoir que la tentation d’attribuer à Drouais le fils vient souvent aux experts dès que la qualité est là et qu’on est dans du Louis XV
Il y a chez Drouais une sorte d’atonie de la personne avec la lumière plate qu’on ne retrouve pas de façon typique ici, ce portrait est d’une superbe qualité, expressif, beau.
Il aurait pu être de Jean Valade
Dommage qu’il n’ai pas les mains.
(Photo Galerie Alexis Bordes Portrait attribué à François-Hubert Drouais 1727 - 1775)