Joli mois d’avril pour l’amateur de portraits au pastel du XVIII° siècle.
Jolies ventes en France notamment.
Lundi 7 avril, chez Pescheteau-Badin - Drouot salle 2 lot 6, une copie XVIIIè dans une baguette Louis XVI du portrait de Jean Monnet (1703- 1785) directeur de l’Opéra comique par Maurice Quentin de La Tour dont l’original daté 1756 est à Saint Quentin LT16.
La copie : 58 x 47,5 cm est de la dimension de l’original 59 x 48 cm alors que la copie de Lorient est plus grande 65 x 55 et XIX°.
La main est moins vigoureuse et sûre que celle de La Tour, mais pour 1000 euros c’est quand même un petit plaisir pas cher.
(Photo Pescheteau-Badin – copie XVIII° du portrait de Jean Monnet par La Tour - pastel)
(Photo RMN... l'original de Saint Quentin
(Photo Thierry de Maigret – veuve qui aimait la dentelle)
Mercredi 9 avril, chez Thierry de Maigret – Drouot salle 4 lot 63, un portrait de femme ovale 53 x 44 cm décrit « entourage d’ Antoine Vestier ».
Difficile de comprendre ce qui a pu donner l’idée d’un rapprochement avec Antoine Vestier (1740 1824)... voyez plus bas
Estimation optimiste à 3000 €.
(Photo Thierry de Maigret – veuve qui aimait la dentelle)
Le mercredi 9 avril toujours chez Tajan Espace Tajan vente 8831 lot 55 - très sensible portrait de jeune femme (taché) 60 x 45 cm, avec des roses et des bleus si typique de la décennie 1750.
Pourquoi vouloir l’attribuer à Jean Valade (1709-1787) - pourquoi pas d’ailleurs ?
C’est un portrait décoratif qui fera sans doute ses 2500 €
(Photo Tajan – jolie femme en rose et bleu)
Lot 72 de la même vente... voici revenir sous la mention "école française du XIXe siècle, suiveur de Liotard portrait d'homme en buste pastel 57 x 47 cm 1000 € à 1500 €" un pastel que nous avons vu chez Christie’s, le 15 novembre 2006 lot 156 (avec des dimensions un peu différentes 59,1 x 48,2 cm…) sous l’intitulé « Etienne Delessart par Pierre Martin Barat 3000 - 4000 euros». – voir ma note
Naturellement, affublé de la mention XIX° et école de… le pauvre – si on peut dire – banquier Delessart va avoir du mal, même à 1000 €
C’est dommage, car le pastel est de Barat, point sur lequel nous concordons avec Neil Jeffares, et ce ne fut pas un pastelliste négligeable.
(Photo Tajan – sale temps pour les banquiers : Etienne Delessart revient en école française XIX°…détail )
Enfin le lot 74 est une paire d’ovales 52,5 x 42,5 cm attribuée à Marie Suzanne Roslin (1734-1772) plus souvent « Madame Roslin » née Giroust.
Ici encore pourquoi ce besoin d’attribution ?
on pourrait tout autant dire qu’ils sont de son mari qui avait tendance à cadrer les tête assez haut dans les ovale, alors que son épouse était plus raisonnable.
4000 à 6000 € … c’est une paire mais enfin non signée non datée, et la dame n’a pas l’air d’un prix Nobel.
(photo Tajan - paire de pastel attribuée à madame Roslin)
Jeudi 10 avril, chez Piasa,
Drouot salle 9 lot 121, très beau portrait de femme avec une vielle 58 x 48 cm qui fait naturellement penser à Glain.
Joli travail 2 000 / 3 000 € est peut être un peu optimiste mais c'est beau.
(Photo Piasa – très beau portrait au pastel d’une joueuse de vielle vers 1750)
Dans la même vente, je signale au passage un dessin rehaussé au pastel d'Antoine Vestier, (sans aucun doute : n° 122 p. 236 dans la monographie d'Anne-Marie Passez) 35 x 23 cm
Magnifique. (3000 - 4000 €)
(Photo Piasa - préparation de portrait par Antoine Vestier légèrement recadré en bas)
Vendredi 11 avril chez Jean-Marc Delvaux, Drouot salle 5 et 6 lot 92 : Ancienne collection Stern le portrait de l'abbé Jacques Delille (1738-1813) inachevé comme souvent par Joseph Ducreux (1735-1802) 50 x 43,5 cm
Annotation d'une belle écriture : « Entre Pope et Tompson, il cueillait des lauriers.
Imagination, qui charmas ses foyers,
peins lui l'amitié tendre ;
et dis lui que la mienne,
paya fidellement un souris de la sienne."
2e chant du poème d'Homère par Népomucène Lemercier.
L’abbé Delille n’était pas plus abbé que vous et moi.
Il traduit en 1770 les Géorgiques de Virgile ce qui lui vaut deux ans plus tard l’Académie Française, et une longue carrière littéraire à travers les horreurs de la fin du siècle, on le disait à sa le plus grand poète français.
(on trouve maintenant dans wikisource
son poème « Jardins » d’un préromantisme indiscutable
:
« Mais c’est peu de créer ces vastes tapis verts ;
Il en faut avec goût savoir choisir les formes.
Craignez pour eux l’ennui des cadres uniformes.
En d’insipides ronds, ou d’ennuyeux carrés,
Je ne veux point les voir tristement resserrés....
Voulez-vous mieux l’orner ? Imitez la nature.
Elle émaille les prés des plus riches couleurs.
Hâtez-vous ; vos jardins vous demandent des fleurs.
Fleurs charmantes ! par vous la nature est plus belle …
La main de Ducreux se reconnaît entre mille.
La ressemblance est parfaite.
Estimation 3 000 / 4 000 € méritée.
Expositions :
1927, Paris, Musée Carnavalet, Grands Salons littéraires, n°125.
1956, Paris, Galerie de la Gazette des Beaux Arts, De Watteau à Prud'hon, n°29.
Dit la notice de Piasa.
(Photo J-M Delvaux – Ducreux tel qu’en lui même : portrait inachevé de Jacques Delille de l’Académie Française, professeur au Collège de France)
Samedi 12 avril Drouot Salle 9 Rieunier & Associés lot 45 Marie-Françoise de L'Épée (1709 1763) par Perronneau (1715 1783) avec un cadre magnifique 56,8 x 47,8 cm signé un seul « n » et daté BG : « Perroneau. / pinx. 1748 »
Déchirure dans la manche gauche, restaurations
Ce portrait est assorti d’une importante et élogieuse notice de Mme Dominique d'Arnoult qui préparerait actuellement le catalogue raisonné de l’œuvre de Jean-Baptiste Perronneau – qui fait cruellement défaut.
Il s’agit du portrait n° 100 du Salon de 1748 « Mademoiselle de L'Épée la jeune, en habit couleur de rose », fille de Charles-François Lespée et sœur de l’inventeur du langage des sourds muets Charles-Michel Lespée.
Dominique d'Arnoult trouve qu'il ressemble à sa sœur de façon frappante.
La dame est joviale, mais l’estimation : 40000 /50000 € me paraît astronomique pour un Perronneau de la maturité qui n’est pas en état optimal.
On voit bien qu’il n’avait pas l’habileté de ses confrères à faire oublier les disgrâces, Marie-Françoise en question exhibe un adipeux double menton bien mis en valeur, le choix d’un pli injustifié de la robe laisse augurer un ventre en proportion, bref Perronneau tel qu’en lui même.
(Photo Rieunier - Marie-Françoise de Lespée par Perroneau 1748)
Le 23 avril chez bonhams Knightsbridge - Sale 15741 - Old Master Paintings and Drawings lot 235
Pierre Allais (1700-1782) Portrait of a gentleman, in a salmon coat with a pale green brocaded waistcoat and a lace jabot 61 x 49,2 cm.
Le pastel (sur papier) est signé et daté CG « Allais/ 1759 »
Il est estimé 2600 3800 € ce qui est raisonnable pour ce portrait au visage soigné et avec une main bien faite qui plus est.
(Photo Bonhams – Portrait au pastel par Pierre Allais 1759)
Le même jour chez Bonhams USA New York et San Francisco Sale 16018 - European Paintings les extraordinaires lots 48 et 49 qui sont bien des grands (81.3 x 64.8cm chacun) pastels d’après Jean Marc Nattier et Jean-Baptiste Perronneau.
Ce sont des pièce d’un travail gigantesque à des prix corrects $4000 – 6000 même pour des copies approximatives qui proviennent des collections de George Jay Gould NY)
(Photo Bonhams USA – Grande copie au pastel d’après Perronneau La Pompadour …)
(Photo Bonhams USA – Grande copie au pastel d’après Nattier Marie-Louise-Thérèse-Victoire de France …)
Le 24 toujours à Bordeaux chez Jean Dit Cazaux-Sahuquet-Royère, lot 55, un Bréa (1739-1820) signé BG daté 1766 62 x 51cm
Un note de ce blog décrit les problèmes de mains propre à cet académicien Saint Luc
Le pastel mis en vente exprime toutes les singularités de Charles Paul Jérome de Brea, bien reconnaissable, le personnage est présenté dans un œil de bœuf.
L’estimation 1000 1200 € est correcte car les Bréa ne valent rien.
(Photo interencheres.com - homme au pastel par Bréa 1766)
L'actualité d'avril n'étant pas épuisée par cette note une seconde va suivre.