(Photo LOF : Angélique-Louise La Rochefoucauld vicomtesse de Vence en Vestale - pastel de Louis-René Vialy 1751 49x59 cm)
La référence à l’antique est usuelle au XVIII°, elle touche bien sûr le portrait, les femmes en particulier aiment se faire représenter en déesses romaines, en muse, en grâce… en vestale.
La vestale veille sur le foyer, « …Va, ce temps, comme un songe, est passé, sans retour : La Raison désormais, en vestale sévère, Veille, veille, crois-moi, sur la flamme d'Amour. ... »
Les attributs de la vestale sont la stola, immaculée souvent grise : tunique à manche longue, le voile, pas de bijoux, et le foyer où brûle le feu sacré de Vesta.
En 1748 le portrait de Madame Sophie (1734-1782, 6ème des filles de Louis XV et de Marie Leszczyńska) ci-contre, par Jean-Marc Nattier (Paris 1685 - Paris 1766), portraitiste officiel de la famille d'Orléans puis de la cour de Louis XV, lance une mode qui ne cessera qu’à la révolution (Jean-Jacques Lagrenée peint encore un buste de jeune fille en vestale en 1789).
Naturellement, la symbolique de femme vertueuse - sans défaut physique ni moral - est attirante… alors que l’obligation (sous peine d'être enterrée vivante) de rester vierge durant leur sacerdoce trentenaire peut s’oublier.
Stanislas Leszczynski représente la reine Marie Leszczynska en vestale, passe encore
La Pompadour ne maque pas d’humour en se faisant peindre à son tour en vestale par François-Hubert Drouais (1727-1775) vers 1763.
Drouais continuera sur ce filon, le Met. titrant un de ses portraits « Portrait d'une jeune femme en vestale vierge » comme s'il pouvait en être autrement (Don de madame William M. Haupt. Provient de la collection of Mrs. James B. Haggin).
Pourquoi Carla Bruni n’y a pas songé, on se le demande ?
(Photo Met. une vestale de Drouais 1767)
La mode n’a pas épargné les pastellistes qui ne furent pas que d’habiles capteurs de l’instantané de leur contemporains.
C’est une chose rare mais qui dit bien l’influence qu’eut Nattier : voici un pastel entré en 2006 dans la collection LOF (vente du 26 février 2006 chez Pascal Blouet 12 rue de Réaumur France 53100 Mayenne, lot 15)
Il s’agit du portrait vicomtesse de Vence en vestale par Vialy
Angélique-Louise de La Rochefoucauld est née en 1733 au château de Surgères en Charente Maritime (morte à Paris le 9 décembre 1794).
Elle a 18 ans quand Vialy fait son portrait, vraisemblablement à l’occasion de son mariage Provencal, le 24 mai 1751, avec Jean Alexandre "Romée" de Villeneuve-Vence, marquis de La Garde-Adhémar (Vence 1727 Aix-en-Provence 1776).
(Photo LOF - la signature de L R Vialy avec un point sur le y)
Louis-René [de] Vialy (il signe avec un "y" mais son mon est écrit aussi Viali ou Viallis selon le rédacteur du Mercure) est lui aussi d’Aix (naissance à Aix en 1680).
Il est de 5 ans l’aîné de Nattier.
(Léon Lagrange dans sont Joseph Vernet (Bruxelles 1858) pense qu’il est né à Avignon au seul motif qu’il y avait une vigne au Mont de Vergue).
Vialy, élève de Hyacinthe Rigaud, a commencé sa carrière en peignant des chaises à porteur, il travaille l’huile et le pastel, le portrait et le paysage.
On trouve trace de lui à Paris à partir de 1752 comme « peintre du Roi » membre de l’Académie Saint Luc (il expose en 1752, 53, 56).
Neil Jeffares page 338 écrit : qu’il fut « très prolifique », mais il se peut bien que sa période de portraits au pastel ait été brève, il aurait été à la mode dans la décennie 50.
(Photo LOF - Vialy "un traitement caractéristique des tissus avec des plis serrés et des reflets..." Neil Jeffares)
Neil Jeffares poursuit judicieusement : « les visages de Vialy sont facilement reconnaissables : peu expressifs comme ceux de Allais, ils se distinguent par une certaine douceur. …les yeux sont liquides avec la lumière de l’œil en point blanc assez haut à gauche. Il a un traitement caractéristique des tissus avec des plis serrés et des reflets... »
Le pastel présenté ici illustre parfaitement le style de Vialy, signé, daté 1751, il fut exposé au salon de l’Académie Saint Luc en 1752 sous le numéro 231
Comme les autres, la vestale Angélique-Louise ne resta pas strictement vierge pendant 30 ans puisque 2 ans plus tard elle met au monde Adélaïde, la première de ses 6 enfants.
(Photo LOF - Vialy "les yeux sont liquides avec la lumière de l’œil en point blanc assez haut à gauche..." Neil Jeffares)
Je trouve assez intelligent de souffler à la Première Dame de France l'idée d'un portrait en vestale, vierge de surcroît.
Notre exception culturelle qui bat de l'aile, y gagnerait certainement des points!
Rédigé par : JCP | 15 février 2008 à 17:44
Le syeux liquides sont de la coleur de ceux de mon fils !!
Rédigé par : sophie | 11 mars 2008 à 19:12