(Photo Arcurial - J-B Van Loo, que dit la comtesse : juste un coup... dans une seconde je lâche... regardes en l'air pendant que je m'habille ?)
Le 14 mars vente "Château du Martinet " - Artcurial - Briest-Le Fur-Poulain-F.Tajan à Paris (Hôtel Dassault - Rond Point des Champs-Elysées) les lots 133 et 134 sont deux portraits au pastel.
Le premier attribué à Jean-Baptiste Van Loo (1684 – 1745 / au dos « van Lo - donnée en 1724 à J.-A. Arlaud, citoyen de Genève, par la comtesse de Sabran») serait Louise Charlotte de Foix, comtesse de Sabran et de Forcalquier (63,5 x 52,5 cm).
L’estimation est à 4 500 / 5 000 €.
Rarissimes sont les J-B Van Loo au pastel, rarissime est cette désinvolture chez ce peintre portraitiste à l’occasion.
Ce pastel n’est pas un inconnu, il était passé en vente chez Million et associés à Drouot le 27 novembre 2000 - lot 26 - avec une estimation au double…
Jean-Baptiste van Loo est le fils de Louis, et le père des célèbres Louis-Michel, Charles-André dit Carle.
Si c’est vraiment un portrait ( ?) il est assurément osé, d’une main la comtesse tient son déshabillé du bout du doigt et de l’autre main montre le ciel. Va-t-elle lâcher ?
Dans la même vente un "portrait d'homme avec la croix l'ordre de Saint Louis". L’attribution à Louis Vigée est selon moi téméraire, la main évoque avec une moindre qualité celle de Colson le père (Jean-Baptiste Gilles 1686-1762)…
Ce pastel me fait penser au portrait de François Marie de Livret qui s'est vendu le 12 octobre 2002 chez MSA. En moins bonne qualité aussi.
Enfin toujours chez Arcurial, le 5 avril un portrait non attribué par la notice « Numéro : 0 Libellé : Ecole française, XVIIIe siècle…Portrait d homme à l habit gris. Pastel, 59 x 49cm » qui a toutes les chances d’être un Bréa.
Charles Paul Jérome de Bréa (1739-1820) était membre de l’Académie de Saint-Luc. (Photo Arcurial - Vaissemblablement par de Bréa)
Il a des manies, il coupe les bras, il s’attarde sur les passementeries, ses proportions tête/buste sont personnelles.
Il s’agit d’un joli Bréa, artiste tombé dans l’oubli qui trouve rarement preneur à un prix décent.
Le 15 à Drouot chez Beaussant-Lefevre lot 39.
Voici la notice : "Jean-Baptiste Perronneau « Portrait de femme de la famille du jurisconsulte Rateau - Pastel signé et daté en haut à gauche. (65 x 54 cm) ovale. - Provenance : Collection du comte A. de G.*** Sa vente, Paris, 4 juin 1903, no 70. Expositions : 1882, Bordeaux. 1950, Paris, Galerie Charpentier, Cent portraits de femmes du XVe siècle à nos jours, no 78b. Portrait de la femme d'un conseiller au Parlement de Bordeaux. Bibliographie : Paul Ratouis de Limay, J.B. Perronneau, sa vie et son œuvre. Paris, 1923, p. 187, 234. - 7 000 / 8 000 € "
Naturellement ces Perroneau tardifs sont très loin de la période de sa maturité, il en est de même chez Liotard où le portrait trahit le désintérêt du pastelliste pour son modèle.
Le vendredi 24 mars à Drouot , chez Brissonneau - Daguerre un Marie-Gabrielle Capet. (Photo Brissonneau - Daguerre : Magnifique portrait de Mme JL Germain née Frondard ou Fondard par Marie-Gabrielle Capet)
Cette pastelliste est une des meilleures françaises de la génération Louis XVI. Elève d’ Adélaïde Labille Guiard (1749 1801), elle en a le professionnalisme et l’émotion, mais ici l’ambiance douce, un cadrage aéré parfaitement de son temps illustrent l’exacte transition entre le portrait XVIIIeme et le portrait romantique . Le site siefar.org donne un inventaire de son œuvre, ce portrait n’y figure pas encore. Très joli travail de portraitiste.
A Drouot sera présentée une pair (rareté) dans des cadres ovales XIXeme (donc à réencadrer). Le mari est d'une très belle qualité également. (Photo Brissonneau - Daguerre : le pendant M. F ...par Marie-Gabrielle Capet)
Note ajoutée le 24 03 2006
La vente des deux pastels de M-G Capet vient de se terminer.
Ils étaient estimés entre 6 et 8000 euros, ils ont fait 15000.
Ce prix est tout à fait justifié pour une telle qualité de pastel...
ça n'est pas à LOF qu'ils poursuivront leur vie l'un avec l'autre - petit regret. (Photo artnet.com - détail d’un autoportrait de la jolie et talentueuse Marie-Gabrielle Capet)
Notice des deux pastel de M6G Capet rédigée par l'expert M. Stéphane Pinta
Portrait de Monsieur Frondard (ou Fondard) Portrait de Madame Frondard (ou Fondard)
Pastels sur papier marouflé sur toile, une paire.
Les deux sont signés et datés M.G. Capet / L’an 6 en bas à droite.
72,5 x 59,5 et 72,5 x 59cm
Au dos des cadres sur un carton de montage ancien on peut lire sur des étiquettes en partie biffées :
Monsieur F…da.. / aïeul paternel … /Madame Gustave de … /née … Mme JL Germain / née Frondard (ou Fondard).
La vie et l’œuvre de Marie-Gabrielle CAPET sont intimement liées à celle d’Adélaïde LABILLE GUIARD (1749-1803), et de François-André VINCENT (1746-1816).
Accueillie par le jeune couple lorsqu’elle arrive à Paris en 1781, Capet est formée par Labille-Guiard et devient vite son élève préférée.
L’amitié qui naît alors entre le couple Vincent-Guiard (Labille-Guiard ne deviendra Madame Vincent qu’en 1800) et la jeune Marie Gabrielle Capet, ne se démentira jamais.
Capet débute au salon de la Correspondance en 1781 et y expose jusqu’en 1785. En 1791 elle est l’une des vingt et une femmes artistes qui exposent pour la première fois au salon du Louvre.
Pendant les troubles révolutionnaires, alors que leur grande rivale Elisabeth Vigée-Lebrun quitte la France, les deux femmes restent à Paris et prennent ensemble le virage de la révolution, exposant souvent côte à côte au salon.
Afin de ne pas porter ombrage à son amie, Capet, qui souvent avait pris une large part à la réalisation des portraits de Labille-Guiard, n’expose (du moins jusqu’en 1795) le plus souvent que des miniatures.
Puis, de plus en plus régulièrement, dans une technique dans laquelle elle excelle, le portrait au pastel de ses concitoyens, confrères ou amis, tels Labille-Guiard et Vincent bien sûr, mais aussi Chénier (1), les avocats Berryer et Demetz, le peintre Meynier (2).
Elle expose pour la dernière fois au salon de 1814.
Outre le tableau que Labille-Guiard exposa au salon de l’an 6 qui représente son élève, et plusieurs autoportraits, le visage de l’artiste nous est connu par le Portrait de Mme Labille-Guiard et ses deux élèves Melles Capet et Carreaux de Rosemond (1785, New York, The Metropolitan Museum), le Portrait de Marie Gabrielle peignant le Sénateur Vien (Munich, Alte Pinakothek) ainsi que par plusieurs dessins de Vincent (pour l’un, Paris, musée du Petit Palais).
Au salon de l’an 6 (1798), Marie Gabrielle Capet ne montre qu’une seule facette de son talent en n’exposant que des miniatures, dont les portraits de Labille-Guiard et de Vincent.
De concert, son amie Labille-Guiard expose le portrait à l’huile de son élève favorite, « la citoyenne Capet peignant en miniature » (Collection privée) (3).
L’année suivante par contre, Capet présente à nouveau des portraits au pastel, dont le portrait de Suvée (n°702 du livret) et plusieurs portraits au pastel sous le même numéro (n°703 du livret).
Peut-être nos portraits firent-ils partie de cette exposition.
On retrouve dans le portrait de Madame Frondart, outre l’acuité du regard présent dans ses meilleurs portraits, le plaisir du rendu des étoffes dont le souvenir des années passées à l’école de dessin de Lyon où les élèves s’appliquaient à établir des modèles de décorations pour des soieries, dût marquer la jeune artiste.
1 Comte Arnauld Doria, Gabrielle Capet, biographie et catalogue critiques, Les Beaux Arts, Edition d’études et de documents, Wildenstein, 1934 , n° 10, repr. pl. X, notice 84.
2 Paris, E.N.S.B.A ; Ibid. n° 12 repr. pl. XII, notice 75
3 Ibid. repr. pl. 3, notice iconographique 9
Vraiment extraordinaire, le "portrait de Mme Frondard" par M.-G. Capet. Tant de féminité, de douceur et de légèreté dans cette oeuvre... Du très grand art.
Rédigé par : Phil | 12 mars 2006 à 20:13
M'intrigue bcp ce commentaire sur les cadres: pourquoi ceux, en ovale, ne conviennent-ils pas? Parce que XIXème? L'ovalisation est-elle post XVIIIè?
Reste que les portraits de M.-G.CAPET sont extraordinaires de beauté et de virtuosité.....Le dictionary of pastelistes before 1800 n'existe qu'en anglais?
Rédigé par : nikita | 13 juin 2006 à 10:54