(Photo Sotheby's - N.Y. 26 janvier 2006 lot 318 les 4 saisons HST par ou d'après Rosalba Carriera)
Le passage chez Sotheby's le 26 janvier à New York d’un ensemble de l’allégorie à l’huile des 4 saisons par la Rosalba - rarissime de les trouver ensemble – donne l’occasion de parler des périodes qui ont précédé la vogue du portrait au pastel.
En effet, ces allégories ne sont pas des portraits
Comme le rappelle la notice (jointe en fin de note) les 4 saisons sont un thème à succès des premiers travaux de Rosalba.
C’est à partir de la décennie 1720 que commence la mode du portrait sous l’impulsion notamment de Rosalba.
A cette époque les temps changent.
Pour apprécier les portraits, il faut que les pôles d’intérêt d’une époque y soient propices. Il faut que l’époque prête attention aux gens.
Ce qui est rare.
Au début du XVIIIe, les portraitistes vivent en vendent les allégories.
La photo de Sotheby’s qui rapproche les 4 toiles confirme que la Rosalba a travaillé à partir de modèles d’atelier.
L’été est la plus célèbre des 4 allégories.
(Photo Bernardina Sani - Deux versions de l'été, allégorie au pastel par Rosalba Carriera : à gauche coll. priv. Padova, à droite coll. Thyssen-Bornermisza)
B. Sani a publié deux versions au pastel de l'Eté : la première d’une collection privée à Padoue (n° 162) et l'autre de la collection Thyssen, Suisse. LOF possède une version non publiée.
Le pastel de LOF est assez proche de l’huile ; la version de Padoue est la plus travaillée.
(Photo LOF - Une version non publiée de l'allégorie au pastel de l'été par Rosalba, proche de l'huile qui passe en vente à N.Y. - coll. LOF)
Rosalba n’est pas toujours égale dans le fini de ses travaux (comme la collection de Dresde le démontre).
La portraitiste à vraisemblablement recopié un original qui pourrait être celui de Padoue.
(Photo LOF - Le même, détail : il y a un modèle derrière ce pastel mais ça n'est pas un portrait)
La composition est toujours exactement la même (avec une main qui tient le panier de fleurs et de fruit curieusement loin du bras gauche du modèle).
On note des détails caractéristiques de Rosalba, comme le téton petit et assez rouge.
Le rapprochement des quatre saisons montre également que la Rosalba n’a pas porté attention dans le rapport entre la saison et ces choix de modèle relativement inexpressif, elle alterne brune, blondes et châtain, l’été est blonde.
Les quatre saisons sont quatre adolescentes également dépourvues d’intérêt accoutrées d’indications facilement reconnaissables de la saison.
(Photo Sotheby's - Claude Hoin 1813 - Allégorie de l'automne)
Heureux hasard, Sotheby’s met en vente le même jour dans la même vente à N.Y.deux autres allégories du printemps et de l’automne, pastels ovales lots 141 et 142 par Claude J-B Hoin (provenance Henri Baudot, Dijon, 14-24 novembre 1894, lot 146).
Elles sont datées 1813.
Hoin a 63 ans, le cycle du portrait est terminé en France (mais non en Angleterre ou il se termine vers 1820), on ne regarde plus les gens si ce n’est quelques miniatures correspondant à un mode de vie différent et à une façon différente de voir les gens.
Hoin excellent portraitiste produit donc des allégories.
(Photo Sotheby's - Claude Hoin 1813 - Allégorie du printemps)
Il est fascinant de voir combien ces têtes penchées, ces gestes de main, ces paniers d’attributs de jardin (les mêmes roses que chez Rosalba) évoquent toute cette période du portrait au pastel et les citations à la tradition allégorique.
(Photo LOF - Téton du portrait de femme au pastel par Rosalba Carriera 1721 ex coll. Callieux - coll. LOF - B. Sani n°133)
Le printemps qui tient une pensée, l’automne en blond vénitien. Le téton est une quasi citation. Ces deux Hoin sont d’une terrible nostalgie, et disent toute la mémoire de ce portraitiste qui avait des bons yeux et une excellente technicité.
(Les Hoin sont des ovales 56 x 46 cm estimé $ 10 à 15000 chacun, le travail est d’une remarquable qualité, très émouvant, complétement hors de son époque)
(Photo Sotheby's - détail : Hoin Téton du Printemps)
Pour en terminer, il faut dire que la dimension allégorique ne quittera jamais complètement la première génération des pastellistes du XVIIIeme.
Wildenstein N-Y possédait une époustouflant pair de portraits au pastel de Pierre Allais datés signés 1741, où l’homme (81.3 x 63.5) était représenté en chasseur – attribut de l’automne chez Rosalba, et la femme en vendangeuse attribut de l’automne inévitablement repris par le dijonnais Hoin.
Tout cela se fait avec beaucoup de naturel, sans citation mythologique ou de symboles abstraits, et montre que les générations de portraitistes restaient fondamentalement elle-même dans l’allégorie : des observateurs du monde qui nous entoure.
(Photo Wildenstein - Pierre Allais 1741 - Grand portrait au pastel d'une pair avec les attributs de l'automne)
Les 4 saisons ensemble complet à l’huile attribué à Rosalba
Notice de Sotheby's
26 janvier 2006 N.Y.
« Though pastel was Rosalba's favored medium, she was equally adept in oil. Her earliest works were copies in oil of old masters, sold to the growing tourist trade. Rosalba painted one of her most important patrons, Augustus III of Poland, in oil (Vienna, Kunsthistoriches Museum), while another surviving oil – one of the four seasons, Spring – was exhibited in Treasures of Venice (Royal Academy, London and the National Gallery of Art Washington) in 1994. An oil of Winter, in the same pose seen here, was offered by Agnews in 1975.
Rosalba never discarded the pastellist’s technique when working in oil. In the present works, the application of the paint is dry and feathery and the coloring remains noticeably soft and matt. The dramatic backgrounds embodying further references to the subject are identical to Rosalba’s pastels, while the typically elegant hands are characteristically modeled, reflecting Rosalba’s certain understanding of anatomy as well as facial features.
The Four Seasons were among Rosalba’s most popular subject pictures.
Though many individual Seasons by Rosalba are known, such as the two pastel versions of Summer that follow the same pose used here (Private Collection, Italy, & Thyssen Collection, Switzerland, see B. Sani, Rosalba Carriera, 1988, figs. 162 & 163), there are few complete series. In all examples the pose adopted by each Season varies. A set of three (with Summer lacking) is in the Royal Collection, while a complete, though much smaller, set is in the Hermitage, St. Petersburg.
A series of head studies of the four seasons are also recorded (present whereabouts unknown).
A further version of Four Seasons in pastel, attributed to Rosalba and formerly in the collection of the Earl of Dartmouth, follows three of the four poses in the present lot. An engraving by John Simon (1675-1751) of the present lot, showing exact replications of the four poses, has been dated to around the 1730s, thus further indicating their early English provenance.
The inscription on the plates read: Rosalba, pinxt. J. Simon, fecit. The publisher is also given as John Simon, from the Golden Eagle in Villers Street York Buildings. Simon was one of the leading mezzotint engravers of his day, particularly noted for his portraits after Kneller and Dahl.
In 1775, the plates were reworked by Richard Houston, and were inscribed Rosalba, pinxt; Houston, fecit, 1775. Similarities in size and description suggest that the present lot may be associated with the Four Seasons, in oil, sold by the Earl of Bessborough in 1801 (see Provenance).
According to an annotated catalogue of the 1801 sale, the rough dimensions are given as 2 ft. x 1 1/2 ft.. The 2nd Earl of Bessborough was a noted collector and Grand-Tourer.
The 3rd Earl of Bessborough sold his father’s collection in 1801 to fend off financial embarrassment. It is possible that whoever first commissioned the Seasons from Rosalba, perhaps over concern to withstand the long journey back to England, specifically required that they be in oil. “
Quelle épopée!
Fort jolie note de connaisseur et de passionné.
Si tu t'attendais à ce que je glose sur le téton (comme à Lakoutumé), tu seras déçu. Rien sur le téton.
Le gros plan est trop beau et trop techniquement réussi (on en mangerait, comme on mange des framboises) pour que j'y ajoute le moindre commentaire.
Rédigé par : JCP | 21 janvier 2006 à 13:31