(Photo Christie's : J-B Perronneau pastel Charles de Baschi)
Les ventes janvier à N.Y. offrent d’excellents portraits au pastel.
Le lot 105 de la vente du 24 chez Christie’s est le portrait de Charles de Baschi, Marquis d'Aubaïs, Baron de Caïla, Seigneur de Junas par Perronneau.
Il est signé "Perroneau 1746" (avec un seul « n ») 59 x 42.2 cm.
C’est le pastel qui fut exposé au salon de 1746 sous n° 146 : "Le marquis Daubaïl en cuirasse".
L’année est importante puisque c’est l’année de son agrément à l’Académie et de la réception du La Tour.
Curieusement pour un travail exposé au salon le tissu de l’habit, le fonds etc. ne sont pas achevés mais laissés à l’état d’esquisse.
Perronneau a 31 ans est sous l’influence de La Tour, et de la mode du cadrage des années 40.
Mais Perronneau est magnifiquement lui même, inlassable chercheur, il donne ici un portrait où l’habit est à peine signalé, dans une lumière orcre qu’il affectionne tant.
Le fond n’est pas travaillé, on sait que l’armure exige normalement un ciel mais comme le sujet a quitté l’armée depuis longtemps, Perronneau place son personnage dans un flou indéterminé.
Il ne reste que cette impression de présence : Pourtant, hardiesse : la tête est tournée, le regard ne va pas vers le spectateur.
Perronneau a mis une lumière dans le blanc de l’œil mais pas dans la pupille, le portrait ne nous regarde pas.
Chez lui, à la différence de La Tour la commissure des lèvres est tombante ce qui donne une gravité qui lui est propre.
Magnifique travail du métal. Magnifique alignement vertical des trois lumières blanches (perruque, carvate, armure), magnifique traitement de la perruque. Très beau Pastel, très beau portrait.
Christie’s estime à $ 20 à 30.000 : pas cher pour cette qualité.
La page 9 du "J-B Perronneau" de Léandres Vaillant / P Ratouis de Limay consacrée à ce pastel indique que Charles de Bashi était né le 20 mars 1686, il serait entré à 18 ans dans la première compagnie de mousquetaires, ce fut un bibliophile, il mourut à 91 ans en 1777.
Il a ici 60 ans.
(Photo Christie's : Pellegrino Parodi pastel portrait de Giambattista Cambiaso )
Dans la même vente lot 49, une rareté : un Pellegrino Parodi (1705-1785).
On en voit très rarement.
Ce pastelliste génois est venu à Lisbonne en 1759 ou il a terminé sa carrière.
J’espère avoir l’occasion de reparler de lui.
Il s’agit d’un grand portrait (78.4 x 57 cm proportion inhabituelle pour un portrait à la taille ) de Portrait of Giambattista Cambiaso (1711-1772) qui fut doge, montrant Savona sur la carte du golfe de Gêne.
L’excellente notice de Christie’s indique à raison la délicatesse de la pose des lumières sur les cheveux et le visage, plus osé encore le rideau quasi vert et la veste bleue ainsi que le curieux regard en coin (qui n’a rien à voir avec celui de Perronneau).
L’estimation ($ 40 à 60000) me semble un peu haute.
(Photo Christie's : James Sharples portrait de Fisher Ames)
Ensuite le lot 810 un James Sharples (1751-1811), ce pastelliste anglais a beaucoup travaillé aux USA ou il serait arrivé en 93 ou en 96.
Les portraits sont généralement de petite taille, la mode est à la miniature, les demeures bourgeoises sont moins vastes.
Comme les portraitistes fin de siècle il aime faire des profils, le plus célèbre est celui de George Washington de la National Portrait Gallery, Smithsonian Institution Washington, D.C.
Il s’agit ici du portrait de Fisher Ames, conservateur constituant, en ovale malheureusement présenté avec des traces de mouillure qui fontt disparaître ce fond bleu sombre qu’il répétait
(Photo Sotheby's : James Sharples portrait du Duc d'Orléans futur Louis Philippe)
Le fond bleu de James Sharples est, en revanche, bien conservé sur le portrait du Duc d’Orléans daté 1797, en vente le 21 chez Sotheby's, lot 325 avec une estimation assez basse pour le futur Louis Philippe (22.9 x 19.1cm).
Le portrait est annoté "mon portrait fais a New York, en 1797".
Ce pastel est estimé à moins de $10000 : pas excessif.
(Photo Sotheby's : Maurice Quentin de La Tour - pastel)
Pour terminer la chronique New-yorkaise chez Sotheby’s à nouveau le 26 lot 352 Maurice-Quentin De La Tour.
Ce portrait est présenté comme celui de l’académicien François-Augustin Paradis de Moncrif (1687-1770) dont une gravure figure ci-contre, l’auteur de "Déplaire c'est avoir tort"
L'identification est inexacte.
Paradis de Moncif n’avait ni cette tête, ni cette corpulence, ni cette expression.
J'ai pensé à Jean de Julienne en le voyant : bien que la bouche soit identique (Inv LT 56 à Saint Quentin) il ne s’agit pas de Jean de Julienne qui avait les yeux marrons (François de Troy musée des Beaux-Arts de Valenciennes).
L’identification n’est pas un jeu facile pour les La Tour d’avant l’Académie (vers1735) car ce sont rarement des gens dont on a gardé le souvenir.
(Photos RMN et Sotheby's - le portrait de Sotheby's m'a fait penser à Jean de Julienne, à gauche la préparation de St Quentin, mais non, de Julienne avait les yeux marrons foncés, un visage plus long, ... jouez aux 7 erreurs)
La notice ne donne pas la taille, l’état du pastel ne semble pas des meilleurs.
$ 25,000—35,000 dit la notice toujours laconique.
en suite de note des extraits des notices.
(Photo LOF - Mettre un nom sur un pastel, pas facile. Ici un La Tour d'avant l'Académie - coll. LOF - probablement 1733 ou 34 : d'une magnifique carnation : qui est-ce ? toute bonne idée est bienvenue / 57.5 x 49 cm - dans son verre d'époque)