(Photo Binoche - Quentin De La Tour - Frère Fiacre 1739)
Le portrait de Frère Fiacre – quêteur des Pénitents de Nazareth - par La Tour qui passera à Drouot (salle 1 - Me Binoche – 60x50) le 30 mars est un La Tour pur sucre.
Ce portrait a été exposé au salon de l’Académie de 1739 à côté des portraits de Dupouch (appuyé sur un fauteuil même dimension) et de M. de Fonpertuis.
Le chevalier de Noeuville de Brunaubois de Montador écrit à la Marquise de S.P.R. (je cite Wildenstein qui le numérote 657) « M. La Tour ne dégénère pas non plus, ses pastels ont toujours un ton ravissant et cette perfection qui les rend la nature même. Je confesse que je ne peux bien vous faire entendre combien ils sont dignes de louanges. Entr’autres il a peint le Frère Fiacre, quêteur des PP. de Nazareth, qui est achevé. Comme c’est un personnage fort répandu dans le monde, il n’y a pas un enfant qui ne le reconnaisse, et il semble que lui-même reconnaisse tout le monde ; c’est surtout les symptômes de son état qui sont marqués dans toute sa figure, et qui le caractérisent à impatienter ceux qui le considèrent ; c’est une pièce impayable. »
Ce pastel fait partie d’une suite de religieux – parmi lesquels La Tour compte un mai personnel - qui « restèrent dans le fonds d’atelier de La tour jusqu’en 1810 » indique X. Salmon. Il faisait partie de l’exposition des pastels français de 1927 – il est noté collection A. Savard – Paris.
La Tour est académicien depuis 2 ans quand il fait ce portrait bien estompé. Il réussit un sourir amical avec une couleur de fond adaptée à la toile noire du costume.
Le sujet n’est plus recherché, personne ne reconnaît plus le frère Fiacre qu’il ne faut pas confondre avec son homonyme - frère augustin déchaussé de Paris – qui eut le 27 octobre 1637 dans le chœur de l’église de Notre-Dame des Victoires la révélation qu’Anne d'Autriche allait avoir un enfant de Louis XIII après 23 ans de mariage.
Enfin les pénitents noirs ont disparu de nos rues.
D’ou l’estimation raisonnable de René Millet : 50 à 70000 euros.
Ce prix est bas pour un pastel en bon état, identifié, daté, exposé au salon de l’Académie, d’une très grande main etc. comparativement à un Liotard, un Rosalba etc.
La célébration du centenaire de la naissance de La Tour l’an dernier devrait permettre de l’atteindre facilement.
(Photo RMN - La Tour : une version de ce portrait de Claude Dupouch fut exposée au côté de Frère Fiacre au salon de 1739)
PS: Voici le compte rendu de cette vente dans la Gazette du 8 avril 2005 p. 36-37
"A 48000 euros, estimation basse frôlée pour un pastel de Maurice Quentin de La Tour (1704-1788) Portrait de Frère Fiacre, quêteur des Pénitents de Nazareth (62x50 cm reproduit page 24 de la Gazette n° 12). Lors de la vente du stock de la galerie Boussod, Valladon & Cie en mars 1919, ce pastel avait fait 10000 F."
Voir en suite de note la brève de la Tribune de l'Art.
Cette enchère confirme la faiblesse du marché.
René Millet expert le confirme.
Extrait de La Trinue de l'Art
Un nouveau pastel de Maurice Quentin de La Tour pour le musée Antoine Lécuyer
11/3/06
Le musée de Saint-Quentin est fameux pour sa collection de pastels de Maurice Quentin de La Tour, qui naquit dans cette ville en 1704.
Cet ensemble est constitué pour l'essentiel de son fonds d'atelier légué par son frère Jean-François.
Il était donc naturel que le musée acquît en vente publique (1)
le Portrait du frère Fiacre, que l'artiste conserva toute sa vie mais qui fut vendu en 1810 au profit d'une institution charitable (2).
Le personnage portraituré était un franciscain du tiers ordre régulier appartenant au couvent parisien des Pénitents de Nazareth.
Il est représenté de face, en train de quêter.
L'air bonhomme et la laideur sympathique du moine témoignent de la capacité de Quentin de La Tour a saisir la psychologie de ses modèles.
La gamme colorée, bien conservée grâce à la fraîcheur du pastel mais forcément austère en raison de la bure, joue avec subtilité des nuances de brun.
1. L'œuvre a été préemptée à Drouot, S.V.V. Binoche, pour 48.000 € (hors frais) le 30 mars 2005.
2. Nous tirons ces informations d'un texte d'Hervé Cabezas, conservateur du Musée Antoine Lécuyer, publié sur le site du musée.
On dirait Robert Hue ton moine.
Rédigé par : sophie | 29 mars 2005 à 17:42