(Photo Musée d'Orléans - La Tour, femme noire - les ovales sont rares chez La Tour)
La Tour est actif de 1724 à 1774, de 35 à 74 en tant qu’académicien. En 50 ans La Tour a produit de 1250 à 2000 portraits. Il est probable qu’il en subsiste entre le quart et la moitié, disons entre 350 et 1000. L’œuvre de La Tour est actuellement découpée en 3 :
1 - Les portraits publiés de longue date et les portraits de musée. Il est constitué des portraits du Louvre et de Versailles, restes des propriétés de l’Académie royale, des portraits officiels et quelques achats faits par le Louvre début XXème. Les portraits de Saint Quentin sont ceux que La Tour avait personnellement conservés (hélas Saint Quentin n’a jamais eu de politique d’achat pour compléter sa collection). Le Musée d’Orléans (qui ne participe pas au 300éme anniversaire) possède l’étonnante «noire ovale". Au total, c’est 44 pastels achevés qui font partie des collections publiques françaises. Encore faut-il ajouter les pastels mal attribués, travail qu’a commencé Xavier Salmon dont la monographie «Le voleur d’âmes» est un très heureux renouveau dans les études sur La Tour avec une volonté d’élargir le corpus des La Tour publiés.
(Le Voleur d’âmes de Xavier Salmon, en couverture « femme au miroir dite marquise de Biencourt» du musée des Arts décoratifs de Lyon réattribué par l’auteur à La Tour. C’est le même pastel qui est sur l’affiche de l’exposition de Versailles. Il s’agit vraisemblablement de Marie Oursin, épouse Chauvelin. Ce très touchant portrait monte une femme devant un miroir appuyé sur une boite à secret. Elle vient de lire une lettre à laquelle était joint un petit paquet contenant un portrait d’homme en miniature montée en pendentif avec perles et or. La main tournée vers la poitrine montre que le cadeau est un message d’amour partagé, le cadeau sera porté. La Tour fait rarement des portraits à niveaux multiples de lecture, ici le jeu d’une personne qui regarde son reflet avec une main qui montre qu’elle va porter un autre reflet peint d’un homme qu’elle aime est joliment vu – ce pastel date de la décennie 30.)
2 - Les autres portraits publiés, soit ceux des grandes collections étrangères principalement les Américains qui sont les seuls à avoir une stratégie d’achat - le Getty en particulier – Gulbenkian de Lisbonne ainsi que des portraits dans des mains privées. Les pastels de collections privées publiés ont été enrichis par Xavier Salmon : on y trouve les clients habituels de La Tour, reflet de la société du XVIIIème siècle avec la naissance de la classe moyenne, des diplomates et voyageurs qui passent par Paris. (magnifique Marie Joly de Choin épouse de Charles-Pierre Savalette de Magnaville ibid. page 160). L’ensemble des La Tour publiés et reconnus représente environ 40 pastels achevés. Les La tour achevés-publiés sont moins de 100, soit inférieur à 10% de sa production totale.
3 - Les La Tour inconnus sont donc de loin majoritaires - entre 250 et 1000 portraits achevés vraisemblablement toujours en état visibles - le nombre de préparations conservées est comparable : Il passe en vente autant de préparations que de portraits achevés).
(Photo Mes Y.M. Le Roux & C. Morel - 22 11 1999 Drouot - Portrait présumé de Mme d'Authier de Saint Sauveur)
2/3 des portraits qui passent en vente sont identifés (depuis dix ans : Madame d'Authier de Saint-Sauveur, Madame Adélaïde, Pierre Machuel - libraire à Rouen - Madame Cailloux (acheté par un descendant), Madame Catherine Masse, Madame de Chastagner de Lagrange, la maréchale de Belle-Isle …) 1/3 ont perdu leur identité. En moyenne depuis 30 ans le marché de La Tour est de 4 portraits achevés par an, moitié en vente et moitié chez les marchands. Les travaux des années 1724-1735 et qui doivent représenter environ 500 portraits (ou plus car il est très actif) sont pratiquement inconnus. La genèse de sa technique n'est pas documentée. Xavier Salmon est le premier à s’y avancer.
(Photo XS Artlys - Comte Manissi de Ferrière (?) anoté au dos La Tour 1730, l'attache du bras est trop basse, l'éclairage de l'armure incompréhensible)
La Tour aurait eu une période maladroite assez longue si on attribue le comte Massini est de 1730, ce qui me paraît impossible vue l'énorme maladresse de l’épaule.
LOF verse au dossier des La Tour inconnus ce jeune turcs dont les traits sont indiscutablement de la main de La Tour.
(Photo LOF - Un La Tour à la mode turque, les turqueries sont relancées par la visite à Louis XV de Mehmet Effendi en 1721, Liotard, C.A.M. Van Loo, Boucher ont leurs turqueries. En 1735, la première escale des Indes Galantes de Rameau est pour l'Empire Ottoman, en 1741 dans Mahomet, Voltaire stigmatise le fanatisme, en 1742 Saïd Effendi est reçu ambassadeur à Paris
- La galerie Eric Coatalem a exposé un magnifique portrait au pastel de Saïd Effendi par Coypel...)
Des portraits ?
Rédigé par : sophie | 22 novembre 2004 à 17:36
Le comte Manissi a peut-être des épaules en forme de bouteille de champagne, mais quelle intelligence!
Rédigé par : jcp | 23 novembre 2004 à 08:02