Un jardin habité

Patate douce violette Molokai purple

Cette patate douce entièrement violette est cultivée en Espagne sous le nom de Molokai (ile de l'archipel de Hawaï).
Purple sweet potato est largement utilisée dans la cuisine d'Okinawa et d'ailleurs pour des préparations d'un gout souvent discutable.

source pinterest

Je ne partage pas ce qu'écrit à son propos sperimentazione.altervista.org ("son apparence plutôt laide et son mauvais classement dans notre test de goût nous rendent réticents à recommander la variété"), bien au contraire comme kisetsumimiyori (qui la cuit à la vapeur) j'aime beaucoup cette variété.
Il est vrai que les tubercules sont petits, mais le gout et la texture sont intéressants :
juste douce comme il faut, pas sucrée, pas du tout farineuse, fondante et à peine fibreuse, je la préfère de loin aux patates douces sucrées.
C'est un bon choix de culture : cuisson au four en papillote.

Molokai cuite

Figuiers hybrides de Chine

Photo LOF - Figue Violette de Chine (Ficus carica x palmata var. nahonis)

La Chine connaît 2 variétés de figuiers domestiqués (无花果) endémiques :

- une figue jaune bonne à sécher, la "Jaune du Xinjiang" - 新疆黄色无花果 - adaptée au climat continental, dont tous les spécimens descendent, par bouturage, d’un arbre vieux de 6 siècles et qui fait l’objet d’une culture commerciale autour d’Artux.
Il s’agit probablement d’une variété anatolienne introduite à l’époque de la Route de la Soie et qui ne semble pas présenter de singularité botanique.

Photo LOF - Figue Violette de Chine (Ficus carica x palmata var. brigandis)

- une figue de couleur sombre, connue sous le nom de "figue violette de Chine", -中国紫无花果- d’origine incertaine (à ne pas confondre avec la 日紫无花果, figue violette du Japon, qui est la 'Masui Dauphine')
Elle est répandue dans toute la moitié orientale du pays et était la seule cultivée dans cette partie du monde avant l’introduction depuis 50 ans de variétés américaines.
Elle est de moins en moins plantée car les Chinois lui préfèrent les nouvelles variétés d'importation.
Sa diffusion ancienne fait qu’il en existe plusieurs variantes, dont les traits communs sont
une couleur de peau violette,
un œil généralement ouvert,
une chair jaune et avec peu voire pas du tout de graines,

source bbs.shuiguobang.com

et surtout des feuilles peu ou pas découpées, aux contours serratés (dentés en scie), dégageant une odeur différente de celle des figuiers méditerranéens.

Ces caractères rappellent ceux du Ficus palmata (ex Ficus pseudocarica), espèce de figuier sauvage aux feuilles cordiformes et serratées et aux petits fruits noirs comestibles, répandue tout autour de l’Himalaya ainsi qu'au Proche-Orient et qui peut s’hybrider avec le Ficus carica (une telle expérience a produit récemment plusieurs hybrides de ce type aux Etats-Unis).
Ira J. Condit, dans Fig Varieties : A Monograph (Hilgardia, 02 1955) considère que le Ficus carica domestique descend lui-même d’hybridations du Ficus palmata avec d’autres Ficus asiatiques.

F. palmata - source flickr

Il est probable que ce figuier de Chine soit un hybride naturel local et ancien de F. carica avec des formes sauvages de F. palmata, ou qu’il soit issu d’une domestication parallèle, indépendante de celle des figuiers occidentaux, dont le résultat aurait plus de parenté avec le F. palmata.
Ce figuier est inconnu en Europe.
Des boutures ont été importées aux Etats-Unis au cours du XXe siècle et reproduites sous le nom de ‘Wuhan’ qui est probablement celui de la ville d’origine des boutures en question.

En février 2013, j'ai fait venir en France des boutures de ce figuier, provenant de 2 villes chinoises :
l’un de Pinghu, à 40 km au sud de Shanghai (lat. 30^°)
l’autre de Shenzhen, ville voisine de Hongkong, au climat tropical (lat 22^°)

Photo Peter Nahon - 17/04/2013

Après enracinement, ces figuiers ont pris la destination du Portugal.

Photo Peter Nahon - 15/07/2013

Ces 2 spécimens de l’hybride chinois présentent des caractéristiques légèrement différentes.
Ces variétés n'ayant jamais été décrites nous les avons nommées :
le cultivar de Shenzhen Ficus palmata x carica var. brigandis (Nahon, 2013)
et le cultivar de Pinghu Ficus palmata x carica var. nahonis (Brigand, 2013) lequel fait également des feuilles lobées.

(texte de Peter Nahon)

Photo LOF - Ficus carica x palmata var. nahonis

2011 au jardin : 2 – la musique mozartienne du climat et les plantes

(carte Tecsol de l'énergie reçue par un mur plein sud en Europe et Maghreb, bien faite : les parallèles sont parallèles, l'énergie reçue par une plante à Faro est supérieure à Tunis, égale à Beyrouth, celles d'Alger et Nice reçoivent la même énergie)

Une remarque qu’on se fait à longueur de vie est l’inépuisable variété des musiques qu’on peut jouer avec peu de notes.
On comprend l’axiome de simplicité des cosmologies
La nature avec peu de notes sur son clavier (température, ensoleillement, hygrométrie, vents, nature des sols, lune…) arrive à produire chaque année des conditions visiblement nouvelles.
Les plantes, davantage que les animaux, sont des mélomanes qui réagissent vivement à la musique annuelle.
Au jardin, 2011 a été une succession de jamais vu :
artichauts plus précoces que les asperges, goyaves de Chine rouges meilleures que les jaunes, fadeur des poires, succulence du raisin blanc meilleur que le rouge, déception des légumes racine (pommes de terre sans gout), succulence des laitues de printemps, déception pour les melons et pastèques, les petits fruits d’automne, le maïs doux, apothéose pour les yuzus verts, citrons, pomélos, oranges.


(Source pacificbulbsociety.org - carte combinée étés et hivers Europe Maghreb, Nice n'a plus rien à voir avec Alger. Faro, Agadir, Palerme sont proches. On voit bien la vaste zone de la civilisation arabo-andalouse médiévale, paradis des agronomes, qui unit Maroc et sud de la péninsule, climat beaucoup plus humide que le proche orient sec)

C'est pourquoi, pendant 6 millénaires d’horticulture, nos ancêtres ont multiplié les variétés, les maturités : il y en avait toujours une qui était bonne une année donnée, dans un jardin donné.
J’ai décidé en 2011 de ne plus enlever les arbres qui ne font pas des bons fruits, suffit d’une année faite pour eux… et ils sont excellents.

matin d'hiver

Maintenant, nous voulons des produits.
La nature ne fait pas de produits, elle fait des surprises.
Maintenant nous simplifions, donc nous perdons.
Bien entendu, les méthodes de production, les terroirs et les cultivars - les critères d'une AOC, IPG - sont un gage de constance et de qualité moyenne.
Mais il restera toujours des bonnes et des mauvaises années pour la culture en milieu naturel.
Exemple : Laurent Perrier monte en gamme en homogénéisant ses Champagnes : déception, plus ils sont réguliers (et chers) moins ils sont joyeux.
Les haricots verts nouveaux de Vilmorin, à 8 jours près ne sont plus mangeables, ils sont faits pour être tous récoltés au même moment.
Toute cette cuisine consommatrice faite avec des marques et non des végétaux banalise les gouts et les saveurs.
J'admire le guide Michelin qui a la qualité du produit comme 1er critère de ses étoiles.
Des chefs étoilés viennent voir le jardin de LOF, et ils posent des questions.

(2011 : les goyaves de Chine rouges, meilleures que les jaunes, du jamais vu)

Au XVIIeme siècle dans 80% de recettes les chicorées sont cuites.
Quand elles sont crues, on met beaucoup d’ail et de vinaigre.
La chicorée doit être amère.
Nous avons beaucoup plus de bio diversité potagère que les siècles classiques (moins de diversité fruitière), mais moins de vrais gouts.
La cornette d’Anjou devenue cornet d’Anjou puis de Bordeaux est douce.

premiers fruits d'un jaboticaba

De plus en plus LOF va vers les fruitiers et les légumes italiens.
Pays conservateur et mangeur de végétaux (où le pourcentage de surpoids est 3 fois moins que la Grande Bretagne).
Dominique T. Pasqualini dit du vocabulaire de la dégustation "qu’il accompagne l’industrie (dans notre cas horticole) vers une agueusie et une anosmie qui devraient être nos états définitifs".
Dès qu'il refuse de repiquer de plantes industrielles, de reproduire les étalages de super marché, de recopier la presse gazon/graminée, le jardiner est un marginal dont la vie est faite d'émotions extrêmes et imprévisibles.
Une belle vie.

camélia Sasanka, fleur de janvier

Artichauts épineux sardes

Combien d’années de recherche ?
...un rêve, un fantasme vieux vieux…
cultiver nos artichauts épineux de Sardaigne (spinoso sardo) et de Palerme.



Le nec plus ultra de l’artichaut, la perfection, celui qui se mange cru tant il est tendre, fondant, avec un niveau d’amertume juste ce qu’il faut pour une rétro olfaction idéale,
un légume fabuleux, comme on n’en trouve qu’en Italie, au Japon, en France...
Les Sardes, leurs pains, leurs cieux, leurs immensités sauvages.
Et puis voilà, grâce à la curiosité de Philippe, voici un producteur sarde disponible sur internet : Piccar.com, un site en 4 langues,
enfin
Piccar dit de l’épineux de Sardaigne « Its taste is full-bodied, unique and indescribable. … This variety prefers argillaceous soils and a special care cultivation... »
Les artichauts sont arrivés hier, ce sont des ovules : parties du rhizome sèches.

(Photo LOF - les ovules secs d'artichaut)

(Photo LOF - adresse du fournisseur sarde)

Nous en avons profité pour faire un rang de Romanesco, plus gros qui se farci.
Parfait état.
Notre sol est argileux, nous sommes un peu au sud de Palerme, en gros à la latitude de Catane, les climats sont proches
C’est un grand mystère de savoir pourquoi avec des conditions idéales le Portugal ne produit pas ces merveilles ?
A notre surprise quelques botanistes portugais visitant le jardin n’avaient jamais vu d’artichauts sous leur forme végétative, ni de cardons qu’on réserve ici à cailler le fromage.
Et pourquoi cette magnifique plante n’est pas présente dans tous les jardins ?

(Photo LOF - Variante de Romanesco à grosse tête - obtention LOF)

Ils seront mis en terre pendant la première quinzaine d’août.
Inutile de décrire le bonheur ambiant au jardin.
Secrètement, au fond de moi, il reste à trouver le Palerme,
celui qu’on sert sur des assiettes blanches,
dans l'ombre retirée d’une petite rue au sol pavé de noir,
avec une huile d’olive qui vous inonde de lumière et un peu de sel.

(Photo LOF - Variante de Violet à tête nanifiée - obtention LOF)

Morus alba – Mulberry

(Photo LOF - morus alba var Badena Tut)

Morus alba – Mulberry : article et photos [grand format] paru dans Fruit Gardener, revue des CFRG

The propagation of morus alba or mulberry trees can be attributed to silk farming in the Near East during the period of expansion of Islam. The leaves served as feed for silk worms. Based on research published in the past decade, mulberry leaves and fruit contain a wide range of carbohydrates, polyphenols, phenoloxdase and micro-nutrients.¹  
Pakistan continues to use forage varieties that remain the best feed for silk worms.² 
The antibiotic properties of morus alba leaves are also used as a cataplasm in traditional local medicine and in liver, kidney and other medications.
The high price of silk sustained a long-term market for mulberry leaves on the Iberian peninsula. 
Its value as a feed source overshadowed for decades the quality of its fruit, despite being well documented in ancient Chinese medicine, its red berries serving as a blood fortifier.

(Photo LOF - morus alba var Emmanuelle)

An excellent fruit tree in our climate
Morus alba can be found in a wide range of climates from hardiness zone USDA 4 to 10a.
It produces quality fruit only in zones 8 and higher, the milder the spring, the earlier and sweeter the berries. In zones  9 and 10, the earliest varieties can be harvested in April, near the end of the citrus harvest when there is little fresh fruit available other than loquats.
In the countries of Central Asia (Afghanistan, Pakistan, Azerbaijan, Armenia), its fruit has been a major source of sugar since the Middle Ages, having a sugar content up to 18%. Frenchman Pierre Meynadier (1900-1985) ³ methodically collected morus alba from 1965 to 1983 in countries that have identified and cultivated fruit varieties: USA, Canada, United Kingdom, Ireland, Australia, New Zealand, Rhodesia, South Africa, Syria, Lebanon, Israel, Iran, Iraq, Afghanistan, Russia, Rumania, USSR countries of Central Asia, etc. The same varieties often changed names as they migrated countries, but morus alba has considerable chromosomal variability and a tendency toward instability.⁴
As a result there are numerous varieties; here in Portugal, we have some 20 very distinct cultivars.
French nurseryman Frederic Cochet ⁵ offers 16 varieties of morus alba fruit trees with white, pink, purple and black fruit. We have planted about a dozen of his varieties.

The fruit of the morus alba has peduncles.
The best edible fruit is the Pakistan variety from Islamabad. It has  a 2‑inch long purple fruit which we prefer when it is not quite fully ripe; when it has a slightly firm skin with the perfect sweet-sour balance. At full maturity, the fruit falls easily from the tree and loses its texture.
Many of the varieties with white fruit are very sweet and don’t stain.
These are the ones that we dry or make into syrups.
Dried mulberry powder is used as sugar in Pakistan, the Guzziola Hort in Steud cultivar being especially sweet.
Dried mulberry tastes somewhat like molasses; it is a tasty dried fruit with a texture similar to Turkish nougat, crunchy and spongy.
Like dates, it is rich in minerals.
We consider the pink Emmanuel mulberry the best for fruit salads especially mixed with wild strawberries.

(Photo LOF - morus alba var Pakistan)

Irrigation of morus alba
Two failures of our drip irrigation system revealed that a lack of water caused the premature yellowing and dropping of the tree’s leaves without killing the tree or disturbing its fruit production the following year. The same variety of tree next to it ended up in a very wet, non-draining area (heavy clay soil) as a result of a leak in the underground waterline.
It developed abundant, very green foliage, bending its branches toward the ground, but failed to produce any fruit. Fortunately, our other morus alba were properly irrigated.
This confirms that using morus alba for forage requires a great deal of water, which is why they are planted in valleys or along riverbanks in Asia and the Andalusia.
However, for fruit production, water is necessary but not in excess.
In the Alentejo region of Portugal, we give 40 gallons/week for a 5‑year old tree and 80 gallons for adult trees).


(Photo LOF - morus alba var Pakistan / fruit)

Size of mulberry trees
Instructions frequently say not to prune mulberry trees except during the winter and then only slightly. This is not the case in our climate where the tree is vigorous and lives for hundreds of years.
All silk farming manuals call for the removal of most of the leaves from branches, except for the end buds. Ibn al Awwam (a 12^th century Sevillian agronomist) suggests that a mulberry tree can be revitalized by cutting its trunk off at a height of about five feet and then keeping the most vigorous shoots.
We trim our trees back quite severely after the leaves have fallen. When young, these fruit trees should not be allowed to develop a single trunk but rather to spread out.
We then cut them straight across the top in spring in order to cover them with nets. If we don’t do this, they continue to grow upwards and the birds steal all of the berries.
In Portugal the trees are planted close to chicken coops because chickens love mulberries! Insects and wasps – great sugar lovers – are also fans!
Fine mesh nets that allow the wind to blow through are used to completely cover the trees. Large quantities of fruit are harvested by simply shaking the branches and letting the berries fall to the into the nets.

(Photo LOF - morus alba / fruits)

The future of Mulberry trees
We are great fans of these large, beautiful trees that have such a remarkable ability to adapt to poor soils. They grow quickly and produce abundant fruit. Morus alba is cited some 600 times a year in abstracts of scientific publications and patents. Less than 25% of these citations relate directly to the fruit, most referring to the use of the leaf .⁶ Research relating to the fruit is focused mainly on cardiovascular medicine where tests on rats with hypercholesterolemia are positive.⁷
Recent Chinese studies indicate that the antioxidant benefits of mulberries vary significantly depending on the variety and the maturity of the fruit but have identified certain promising varieties for consumption as fruit and fruit juice.⁸
Chinese enologists have shown that dark fruit from morus alba trees are an excellent source of anthocyanin, which can easily be extracted on a commercial basis.⁹
The mulberry tree has a bright future – it has good varietal options, its best fruit varieties are easy to grow and its fruit is excellent.

(Photo LOF - morus alba / dried fruit)

¹ Four years ago Peshawar University published a comparative study (http://www.jcsp.org.pk/index.php/jcsp/article/viewFile/1123/722) classifying the mulberry by its content of chromium (Cr), nickel (Ni), and zinc (Zn).
² (http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1748-5967.2011.00316.x/full
³ (http://www.coplfr.org/articles33a38/article33pag1.html
⁴ Demonstrated by the Central Sericultural Research and Training Institute of Berhampore: http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=2331160).
⁵ (http://www.cochetfrederic.com/muriers-a-fruits.html)
⁶ Leaf production without herbicides is possible with irrigation: http://epubs.icar.org.in/ejournal/index.php/IJAgS/article/view/2754
⁷ (http://www.worldscinet.com/ajcm/39/3901/SO192415X11008634.html).
⁸ http://www.informaworld.com/smpp/content~db=all~content=a931471196
⁹ http://journals.uzpi.cz/publicFiles/39923.pdf

Eloge du grenadier (Punica granatum)

(Photo LOF - le grenadier a une forte végétation les jours longs, il faut le tailler tous les mois en été, la taille le rend dense et beau : ici taille en cours sur des Mollar de Elche )

(Photo LOF - ces grenadiers sont taillés en boule sur 1/2 tige au milieu d'un tapis de grenadiers nains, ici vus en été)

Les variétés intéressantes de grenadiers sont difficiles à trouver dans le sud de l’Europe (hélas, cet arbre n’est pas vraiment chrétien, nous n’en avons de la Gréce au Portugal qu’une vingtaine de cultivars, et très peu de spécialistes, y compris autour de Valence en Espagne), la Californie a commencé une collection, nous nous sommes lancés dans une collecte méthodique (pas facile au Moyen Orient).
Les grenadiers prennent donc une place croissante dans le jardin (spécialement fier d’avoir l'unique variété canadienne : le grenadier du jardin de l’ambassade du Canada à Rome, merci Adair)
Cet arbre, comme l’olivier ou le dattier, est un incontournable du jardin méditerranéen : le grenadier c'est 6000 ans de travail qui expriment la vitalité de l’humanité méditerranéenne.

(Photo LOF - le même arbre devenu jaune oranger début décembre vu de l'autre côté)

- il traduit l’essence du jardin méditerranéen : l’irrigation = donc la géométrie et la proximité des humains, jardin habité, jardin à vivre. Ibn al Awwàm ne cesse de le répéter : le grenadier c’est avant tout l’arrosage, l'antithèse du jardin sec, donc la civilisation, la maîtrise de l’eau.
- c’est un arbre incroyablement adaptable : plage de rusticité énorme 7 b à 11, sol acide à neutre
- c’est un fruitier achevé avec des centaines de cultivars (plus de 700 variétés au conservatoire iranien qui est le meilleur au monde) extrêmement variés :
de la pure acide (utilisée comme le citron ou le vinaire, excellente variété en Egypte),
à la très douce (dans ce domaine, les meilleures sont au Yémen) en passant par
les douce-acides (les iraniennes sont imbattables sur le fruité) avec
une vaste gamme de présentation (les afghans ont des variétés magnifiques)
et de taille des arilles (dans ce domaine la région d’Antalya en Turquie est admirable),
enfin une plage de maturité de 4 mois septembre à au delà décembre sur le tropique.
Comme toujours dans la sélection fruitière méditerranéenne, le fruit a un intérêt pour la bonne santé et la thérapeutique.

(Photo LOF - Grenade : la couleur du fruit va du presque blanc au presque noir en passant par les rouges, mauves et violet, d'ou ses qualités décoratives)

- c’est un arbre cultivé pour ses qualités décoratives : ses fleurs, beauté des fruits quand ils éclatent, il est magnifique en décembre quand son feuillage devient orange et jaune.
- il est depuis toujours utilisé dans l’architectonique du jardin : sa croissance est rapide, il accepte tous types de taille de 50 cm à 3 m : haie géométrique, topiaire, haie libre (nous trouvons énormément de haies libres ou coupe vent de grenadiers dans les jardins traditionnels du sud portugais et andalous, ce sont des semis), taille fruitière en 1/4 ou 1/2 tige,  il a une longue durée de vie (plus de 200 ans) et un faible encombrement, distance de plantation jusqu’à 1.5 m
- c’est un fruit qui a un énorme contenu symbolique et religieux, dimension importante pour un fruit qui le rend familier dans nos maisons-jardin.

(Photo LOF - Il y a a toute une symbolique de la grenade si mystérieuse quand elle s'ouvre pour monter ses trésors ou ses secrets, espoir du paradis ou noirceur du monde d'Hadès ...)

Les agrumes ont en plus de toutes ces qualités leur parfum, mais ils sont moins rustiques,
les palmiers fruitiers ont également la forte valeur structurante de leur verticalité et de leur taille,
peu de plantes ont autant de potentiel que le grenadier.

(Photo LOF - depuis que Perséphone a mangé 7 grains d'une grenade, fruit des morts, nous avons 3 mois d'hiver à attendre le retour de la végétation avec son retour de l'enfer. A l'inverse, Ibn 'Abd Allah disait "il n'y a pas une grenade qui ne contienne un grain de paradis, je ne veux partager mes grenades avec personne..." )

Coquelicots - poppies

(Photo LOF - coquelicot)

Il n’y a aucune différence entre les fleurs de coquelicot vivace et les annuelles.
Ann abuse des deux variétés dans son jardin bouquetier bien qu’on n’en fasse jamais de bouquet, qu'ils ne sont pas parfumés.
C’est un des points communs des coquelicots et des hibiscus : leur fragilité, leur couleur, leur variété, et aussi ils sont photogéniques.

(Photo LOF - Blanc)

S’il est des fleurs faciles à photographier ce sont elles, alors que les jasmins, les lys, les bulbes sont autrement difficiles, les photos de roses, de fleurs de fruitiers donnent rarement l’émotion – sentiment de préciosité et d’émerveillement – qu’on a devant la fleur.
Variété de formes : coquelicots à fleurs doubles et semi-doubles bicolores, de hauteur variable, qui donnent une impression de luxuriance joyeuse et de photos uniques.

(Photo LOF - coquelicot double)

Les couleurs des coquelicots de jardin, vont du rouge coquelicot au fuchsia délavé, passant par le rose ("rosolaccio") et au blanc (certains blancs fripés ressemblent à de cistes) avec toutes la gamme des saturations, des bicolores en général blanc/rouge à fuchsia et des picotés.

(Photo LOF - coquelicot dégradé de roses)


Le rouge éclatant ("Klatschmohn") du coquelicot simple sauvage peut atteindre, dans les variétés de culture, des nuances nacrées magnifiques.

(Photo LOF - rouge nacré)

Ce rouge vaut au coquelicot d’être symbole du sang humain – tombé dans les guerres, Gengis Khan répandait des graines de coquelicot sur les champs de bataille en l’honneur des morts, il en aurait toujours eu dans ses poches -
et aussi dans la tradition perse de l’amour « fleur de l’amoureux éternel ».

(Photo LOF - rouge et blanc)

En japonais, le gubijinsou évoque les deux : un guerrier poétique et cruel poussé au suicide.
Dans le langage des fleurs, il incarne « l'ardeur fragile » écrit fr.wiki.

(Photo LOF - Morts dans les batailles ou amours passagères ?)

p. 159 de la traduction du « Comment faire une danseuse avec un coquelicot ?» de Mona Thomas, on apprend comment faire une danseuse avec un coquelicot.

(Photo LOF - coquelicots dansants)

Citron Fino (pourquoi cultiver le... ?)

(Photo LOF - Citron Fino)

Fino est le citron le plus commun de la péninsule, on l’appelle aussi Mesero, Branco de Murcie, … c’est celui du supermarché, le plus produit du bassin méditerranéen. Il en existe des dizaines de cultivars
Pourquoi le planter dans notre verger ?
Parce qu’il est extrêmement vigoureux, en 4 ans l’arbre dépasse 3 m. et produit en abondance, il est le plus productif des citronniers avec la vieille variété Lisboa.
Il ne faut pas hésiter à supprimer les gourmands qui poussent verticaux et nombreux, seules les branches proches de l'horizontal fructifient.
Le fruit est moyen, régulier, juteux et avec peu de pépins, tout ce que demandent les distributeurs.
Le plus appréciable est sa production hivernale : de décembre à mars les fruits passent du vert au jaune.
Ils poussent à l’intérieur de l’arbre protégés du soleil.
C’est la récolte « première fleur » qui lui vaut aussi le nom de « Primafiori ».
Ces citrons nouveaux ont un zeste au parfum absolument irrésistible.
Un vrai bon parfum de citron.
Nous allons les chercher au jardin pour avoir le plaisir du citron tout frais, dont le zeste explose d’essence odorante.
Un rien de zeste râpé sur le poisson grillé ou sur la salade… c’est le soleil en hiver.

(Gravure A Poiteau - Citron ordinaire)

Euryops virgineus - Honey Euryops

(Photo LOF - Euryops virgineus en février)

La famille sud-africaine des Euryops est une famille nombreuse
Ils poussent en boule spontanément, environ 0.9 cm de diamètre (respecter cette distance de plantation)
Pour ce qui est des nôtres, ils ne sont ni rampants ni tapissants contrairement à gardening.eu
Dave’s donne une rusticité 8a (-12°) à 11
L’intérêt c’est sa floraison longue et précoce dès fin janvier, qui attire les pollinisateurs dont ont besoin les amandiers.
On fait une taille de propreté après floraison
Il  est résistant à une sécheresse légère et n’aime pas l’excès d’eau.
Soleil.
Il n’est pas parfumé, certains disent qu’il est toxique
Un bon ami malgré tout, personne ne lui a trouvé de nom vulgaire, pourtant c'était facile.

(Photo LOF – il y en a une ligne en bordure de campagne)

Bergamote bergamot

(Photo LOF - Wallace nous montre la bergamot(e) dans son jardin de Toronto, en novembre)
Quand les Canadiens viennent visiter le jardin ils ne comprennent pas pourquoi les bergamotes sont des agrumes.
Effectivement on appelle aussi bergamote (en anglais bergamot) certaines variétés de menthes américaines (Mentha piperita bergamote), wild bergamot (Monarda fistulosa), white bergamot (Monarda clinopodia), (Monarda didyma) etc. consommées en salade ou dont on fait de la tisane – calmante – alors que celle de Bergamot(e) citrus aurantium var. bergamia est plutôt stimulante
Naturellement, quand ils sentent le parfum de ce merveilleux agrume… tout un monde s’ouvre.
Wikipedia colporte aussi pas mal d’affirmations farfelues : la bergamot serait l’enfant d’une orange de Séville ou d’un pamplemousse et d’une poire citron (?)…
et chacun sait que l’Alentejo produit des Bergamot(es) largement compétitives avec les calabraises pour leur parfum,
...mais qui ne font pas la fortune des Portugais qui ne le savent pas.

(Photo LOF - Les bergamot(es) de LOF arrivent à maturité en février)