Un jardin habité

Solstice d’hiver (meilleur endroit d’Europe pour faire un jardin)

(Photo LOF - Aloès de Noël)

Le site de l'Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Ephémérides met à disposition un calcul des lever coucher et azimuts des corps célestes, dont le soleil, selon votre localisation
Pour le jardin de LOF c’est entre le 2 et le 5 décembre que le soleil se couche le plus tôt (17:05) alors que c’est entre le 3 et le 9 janvier qu'il se lève le plus tard.
Le solstice d’hiver est cette année le 21,
la durée d’éclairement est à son minimum du 17 au 26 décembre avec 9:31 (contre 8 :15 à Paris c’est à dire > de 1:16 … +14.23%)
Voir l’excellent ptaff pour la calculer et la comparer.
Le 20 juin elle est à LOF de 14:49 soit + 5 :18 ce qui est une amplitude considérable et dur pour les tropicales, (exprimée en % la durée du jour dans la révolution solaire de 24 heures passe de 38.79% à 60.37%, autrement dit entre les deux solstices notre durée d’éclairement croit de 55.35%) mais moindre qu’à Paris.
A Paris la durée maximale du jour est 16:11 soit un écart de presque 8:00 avec son plus bas.
Autrement dit, à Paris le jour est deux fois plus long en juin qu’au solstice d’hiver.

(Photo LOF - Orange blonde Maltaise de Tunisie : l'adaptation des tropicales ne se heurte pas seulement aux différences de température, d'hygrométrie, de précipitation, mais aussi à l'intencité d'éclairement)

Si on tient compte de la hauteur du soleil à l’horizon exprimée en ° (mini 17°71 max 64°59 à Paris contre mini 28°42 max 75°29 à LOF), on peut dire que le Noël de LOF correspond au 15 février ou au 20 octobre à Paris, ou que nous évitons les 3 mois les plus noirs de notre ancien domicile.
Cet ensoleillement, exprimé en watts reçus par m2, passe entre les solstices de 511.65 et 1067.34 pour LOF à 283.64 et 988.53 pour Paris.
C’est à dire que - bien que le jour soit plus long d’une heure et demie à Paris fin juin qu’à LOF - LOF, vue sa latitude, reçoit +8% d’énergie solaire au solstice d’hiver que Paris et +44.56% le 20 juin.
C’est pourquoi, ajouté aux critères :
- vents (qui exclu la Méditerranée extrêmement ventée presque partout),
- températures extrèmes et moyennes (climat méditerraéne tempéré par l'Atlantique)
- proximité d’aéroport international de bonne qualité (Lisbonne, Faro),
- qualité d’accueil et gentillesse des habitants,
- faiblesse de la criminalité,
- faible niveau de pollution, d'industrie et de population,
- disponibilité de l’espace et
- coût de la vie,
nous pensons qu’il s’agit du meilleur endroit d’Europe continentale pour faire un jardin (= pour vivre).

(Photo LOF - lever de soleil au solstice d'hiver)

Les azulejos sont-ils de mauvais goût ?

( Photo LOF - Cette note accompagne une série de photos à l’occasion de la fin des travaux dans la pergola sur les azulejos portugo-perses. Carlos pose un azulejo de la fenêtre 5 « roses et guêpier d’Afrique » qui ont été recuits)

Le savoir-faire et le savoir-apprécier disparaissent simultanément par ce que les modes de vie changent.
La réflexion sur le jardin et la lumière reste à faire.
En observant les jardins arabo-andalous couverts d’azulejos rapidement on constate que le jeu des ombres et des lumières est renforcé par ces polychromies brillantes et vives.
Les meilleures photos se font avec un soleil bas, le soleil violent ou zénithal ne leur convient pas.

(Photo LOF - azulejos fenêtre 2 : ces azulejos sont traités comme des tapis, ils interprètent dans le style portugais les motifs floraux des panneaux de la mosquée Nazir al-Molk à Shiraz en Iran où l'influence indienne est manifeste.)

La perception traditionnelle de la lumière est à replacer dans une vision d’un monde en changement permanent, tout au long le la journée et de la nuit, de l’année, des conditions atmosphériques.
Nous avons toujours l’impression d’un contre sens quand des visiteurs parcourent le jardin aux heures chaudes avec un soleil écrasant qu’on fuyait jadis.

(Photo LOF - la même vue du tanque)

A l’inverse, fréquentés avec un soleil bas, les jardins arabes andalous laissent le souvenir d’espaces clos aux ombres changeantes percées de lumières en taches incertaines où l’œil va de découvertes en bonheurs dans un voyage continu.

(Photo LOF - Fenêtre 4 - L'évocation de l'Iran rappelle J.C.N. Forestier qui écrivait "Le luxe de l'art des Persans fit une telle impression sur les Arabes conquérants qu'empruntant leurs artistes et leurs ouvriers ils voulurent s'entourer du même luxe. Nous serons ainsi moins surpris en constatant que les descriptions de Xénophon, d'Aristobule, de tous les plus anciens historiens peuvent si bien s'appliquer aux œuvres dont nous retrouvons les vestiges en Perse, aux Indes et, plus près de nous, en Afrique et en Espagne")

L’éclairage artificiel de plus en plus puissant depuis 100 ans unifie l’habitude de l’oeil de voir en pleine lumière et nous fait perdre l’émerveillement propre aux jeux de lumières et d’ombre, aux couleurs des lumières, aux textures de lumières rasantes ou rares, à la lumière diffuse de la nuit.

(Photo LOF - fenêtre 3, Forestier poursuit « Les artistes persans ou musulmans (de l’époque) associent à l’art des édifices la science plus subtile des jardins, le sens de la combinaison des plantes odorantes, des fleurs brillantes, des fruits, des sombres feuillages, avec d’innombrables fontaines… qu’ils sertissent d’émaux colorés de leurs faïences et dans le marbre… »)

Les dorures dont toute la subtilité chaude et douce ne s’apprécie qu’avec les éclairages à la bougie et de lourds rideaux le jour sont également passées de goût.
Le marbre est devenu une pierre banale au dépend du granit.

(Photo LOF - Fenêtre 5, mai est le mois des roses et des cris des guêpiers, un moment parfait pour se tenir sur le banc de la roseraie)

Soit.
L’ignorance, la perte de savoir, l’oubli de ce qui a donné du plaisir pendant 6000 ans aux humains ne nous autorise pas à traiter ces techniques de vulgaires, bien au contraire, c’est un travail d’éducation de notre goût devenu infirme qu’il nous faut entreprendre.

(Photo LOF - azulejos fenêtre 1 encadrés par des feijoas taillés sur 1/2 tige)

Irrigation par gravité - Minas

(Photo LOF - antiques tranchées de conduite d'eau, à côté de la circulation d'eau, un chemin d'homme. La mina est en pente douce d'environ 1 %, en bout de pente un bassin avant un potager)

Les premières villes furent construites dans des pays de climat méditerranéen : long été sec.
La maîtrise de l’eau est vitale pour ces villes et leur agriculture.
Elles sont implantées en fonction de l’eau.
La société toute entière s’organise de façon à gérer l’eau : travaux géants d’hydraulique, navigation, moulins, etc.
Les Grecs transmettent aux Romains les techniques, les romains les transmettent aux Arabes.
En premier lieu l’antiquité c’est l’exploitation des sources.
Seville est implantée comme Marrakech au pied d’une chaîne de montage qui arrête les pluies d’hiver et restitue l’eau tout l’été.
Jusqu’au moteur électrique, l’arrosage et les jeux d’eaux des jardins exploitent uniquement la gravité.
Les installations hydrauliques consistent puiser et à guider l’eau.
Les aqueducs qui conduisent l’eau sont des conduits profonds pour limiter l’évaporation.
Les romains les Arabes ici creusaient d’immenses tranchées ouvertes (faciles à nettoyer) régulièrement coupées de ponts. « Minas de agua»

(Photo LOF - pour conduire l'eau de source vers les jardins, les Arabes ont coupé le schiste, à la main. La mina est rectiligne, les angles à 90°, enfin rectiligne avec des petits ratés)

JB habite Ribeira do Seissal
Il possède une source à flan de colline, à mi-pente, qui donne toute l’année très régulièrement.
Une magnifique tranchée a été creusée du temps d’al Andalus, ce sont eux qui ont multiplié les jardins au sud du Portugal.
Le chenal est bordé d’un chemin.
La roche est creusée profondément, on voit encore les traces d’outil.
Il vient de nettoyer ce site émouvant et toujours fonctionnel.

(Photo LOF - la tranchée est coupé par des ponts pour faciliter la circulation, tout fonctionne encore 1000 ans plus tard)

Pourquoi le sud Portugais ?

(Photo LOF - En Alentejo on sait que la précipitation ne vaut rien)

Oui, il y a bien un paradis jardinier en Europe, il suffit de prendre une carte, de tracer le 38° parallèle (à cause de la durée d’ensoleillement l’hiver) et de chercher en dessous.
La zone méditerranéenne occupe la plus grande surface, mais elle présente deux inconvénients : c’est le domaine de vents terribles (à l’exception de Nice-Menton-Riviera des fleurs ou de micros endroits abrités) et le peu d’aéroports internationaux.
La zone Atlantique est nettement plus tempérée, arrosée et moins ventée.
Cette zone est la côte sud Portugaise où il y a tout pour jardiner : un sol plutôt acide, de la place, des reliefs, des prix abordables et la protection d’un parc naturel : il suffit de bien choisir ni trop près ni trop loin du littoral (avec en plus des gens gentils, accueillants aux étrangers, de nombreux francophones et anglophones).
Comme la pire période est l’été, il convient de ne pas aller trop au Sud.
José-Antonio qui connaissait bien tout le pays disait que l’Alentejo évite la fournaise de l’été en Algarve (Algarve : le jardin en arabe)
En arrivant ici la grande surprise est la présence d’eau (pour autant qu’on sache la stocker ou la puiser).
La culture du riz par exemple qui réussit très bien (autre surprise permanente : pourquoi le Portugal ne produit-il pas de saké ? Le riz est parfait, le pays a une bonne connaissance des sources grâce à sa romanité et il existe ici une culture œnologique).
Seconde surprise : dans les lambeaux de jardins anciens qui subsistent ou dans la littérature du temps de l’occupation arabe, on découvre des arbres subtropicaux ici et là.

(Photo LOF - Climat : le pays de l'oranger / près de l'Océan, gels courts et rares zone 10 attention au fond des valées)

Hélas une acculturation terrible du jardinage méditerranéen portugais (ici la connaissance jardinière vient du nord, du climat Atlantique) empêche encore actuellement de faire ici ce qui se passe en Floride (dont c’est la climat), en Californie et en Nouvelle Zélande, (c’est sur les sites de ces pays qu’on trouve la bonne information sur ce qui pousse ici) c’est-à-dire un paradis de jardins de parfums, de couleurs et de fruits : des jardins ibérico-californico-mauresques.
LOF n’est pas très loin de rizières.
La culture du tabac y a donc été expérimentée : succès.
Or qui dit riz et tabac dit thé : sol, humidité, présence de sempervirents (les chênes liéges) mais aussi tout ce qui va avec le thé : les agrumes pour faire notre earl-grey (récolte de bergamotes réussie, fruit d’un incroyable parfum) et de bouleversants thés de Noël au cédrat.
Bien entendu qui dit agrume, thé pense punch, canne à sucre.
LOF a donc ses haies de canne à sucre, de la blanche et de l’africaine rouge.
Quand nous en avons parlé, tout le monde a trouvé ça normal.
On la regarde comme une mauvaise herbe : Bruno dit qu’il aime bien en mâcher l’été.

(Photo LOF - Ici on n'aime pas le mois de novembre, mois des pluies, dès janvier reviennent de belles journées)

Bien entendu tout n’est pas parfait. Il y a des dangers, en premier lieu ceux qui ne savent pas qu’ils ont ce trésor chez eux : il faut s’éloigner de Sines qui tend à devenir un pole de pétrochimie redoutable, épouvantable source de pollution et détruit une magnifique portion de la cote (regrettable catastrophe pour l’Europe entière).
Il faut importer les techniques de construction actuelles : ventilation des maisons, isolation, chauffage (ça n’est pas le soleil qui manque) etc.
Mais rien de rédhibitoire pour un jardinier averti et prudent.
Bref, jusqu’ici le bon choix.

(Photo LOF - décorations de Noël de jardinier)