(carte Tecsol de l'énergie reçue par un mur plein sud en Europe et Maghreb, bien faite : les parallèles sont parallèles, l'énergie reçue par une plante à Faro est supérieure à Tunis, égale à Beyrouth, celles d'Alger et Nice reçoivent la même énergie)
Une remarque qu’on se fait à longueur de vie est l’inépuisable variété des musiques qu’on peut jouer avec peu de notes.
On comprend l’axiome de simplicité des cosmologies
La nature avec peu de notes sur son clavier (température, ensoleillement, hygrométrie, vents, nature des sols, lune…) arrive à produire chaque année des conditions visiblement nouvelles.
Les plantes, davantage que les animaux, sont des mélomanes qui réagissent vivement à la musique annuelle.
Au jardin, 2011 a été une succession de jamais vu :
artichauts plus précoces que les asperges, goyaves de Chine rouges meilleures que les jaunes, fadeur des poires, succulence du raisin blanc meilleur que le rouge, déception des légumes racine (pommes de terre sans gout), succulence des laitues de printemps, déception pour les melons et pastèques, les petits fruits d’automne, le maïs doux, apothéose pour les yuzus verts, citrons, pomélos, oranges.
(Source pacificbulbsociety.org - carte combinée étés et hivers Europe Maghreb, Nice n'a plus rien à voir avec Alger. Faro, Agadir, Palerme sont proches. On voit bien la vaste zone de la civilisation arabo-andalouse médiévale, paradis des agronomes, qui unit Maroc et sud de la péninsule, climat beaucoup plus humide que le proche orient sec)
C'est pourquoi, pendant 6 millénaires d’horticulture, nos ancêtres ont multiplié les variétés, les maturités : il y en avait toujours une qui était bonne une année donnée, dans un jardin donné.
J’ai décidé en 2011 de ne plus enlever les arbres qui ne font pas des bons fruits, suffit d’une année faite pour eux… et ils sont excellents.
matin d'hiver
Maintenant, nous voulons des produits.
La nature ne fait pas de produits, elle fait des surprises.
Maintenant nous simplifions, donc nous perdons.
Bien entendu, les méthodes de production, les terroirs et les cultivars - les critères d'une AOC, IPG - sont un gage de constance et de qualité moyenne.
Mais il restera toujours des bonnes et des mauvaises années pour la culture en milieu naturel.
Exemple : Laurent Perrier monte en gamme en homogénéisant ses Champagnes : déception, plus ils sont réguliers (et chers) moins ils sont joyeux.
Les haricots verts nouveaux de Vilmorin, à 8 jours près ne sont plus mangeables, ils sont faits pour être tous récoltés au même moment.
Toute cette cuisine consommatrice faite avec des marques et non des végétaux banalise les gouts et les saveurs.
J'admire le guide Michelin qui a la qualité du produit comme 1er critère de ses étoiles.
Des chefs étoilés viennent voir le jardin de LOF, et ils posent des questions.
(2011 : les goyaves de Chine rouges, meilleures que les jaunes, du jamais vu)
Au XVIIeme siècle dans 80% de recettes les chicorées sont cuites.
Quand elles sont crues, on met beaucoup d’ail et de vinaigre.
La chicorée doit être amère.
Nous avons beaucoup plus de bio diversité potagère que les siècles classiques (moins de diversité fruitière), mais moins de vrais gouts.
La cornette d’Anjou devenue cornet d’Anjou puis de Bordeaux est douce.
premiers fruits d'un jaboticaba
De plus en plus LOF va vers les fruitiers et les légumes italiens.
Pays conservateur et mangeur de végétaux (où le pourcentage de surpoids est 3 fois moins que la Grande Bretagne).
Dominique T. Pasqualini dit du vocabulaire de la dégustation "qu’il accompagne l’industrie (dans notre cas horticole) vers une agueusie et une anosmie qui devraient être nos états définitifs".
Dès qu'il refuse de repiquer de plantes industrielles, de reproduire les étalages de super marché, de recopier la presse gazon/graminée, le jardiner est un marginal dont la vie est faite d'émotions extrêmes et imprévisibles.
Une belle vie.
camélia Sasanka, fleur de janvier
tu oublies de parler de la succulence des figues en Aôut 2011,
je me suis régalée !
Rédigé par : colette brigand | 08/01/2012 à 16:03
bonjour JP quelle est la source de ta deuxième carte ? Merci F
Rédigé par : François le jardinier de Marandon | 08/01/2012 à 18:22
Voila François j'ai retrouvé la source de ces excellentes cartes :
http://www.pacificbulbsociety.org/pbswiki/index.php/MediterraneanMaps
celle de l'Europe est ici
http://www.pacificbulbsociety.org/pbswiki/files/00_others/Europe_map.gif
elle est bien lisible
Rédigé par : jp | 09/01/2012 à 08:06
Décidément, jardiner est une sacré école de patience ! Comme l'art de soigner et la langue de Molière, ce n'est pas une science exacte.
Quant à ce que dit Pasqualini à propos de la perte de nos sens, c'est violent mais ça a le mérite de préciser les risques que nous encourons. Tu dis vrai quand tu écris :"Maintenant nous voulons des produits. La nature ne fait pas de produits, elle fait des surprises. [...] nous simplifions donc nous perdons". Je vais publier ça sur ma page Fb.
Rédigé par : Phil' | 12/01/2012 à 05:22
Laissons la nature faire son petit travail minutieux. Pourquoi allons nous toujours la contrarier alors qu'elle fait de petits bijoux merveilleux chaque jour qui passe?
Rédigé par : pompe de surface | 06/03/2012 à 16:17