(Photo LOF - Cheveux blancs des typhas, fin de l'hiver)
Première semaine de février.
Chandeleur, fête solaire puisqu’à date fixe, 2 février du calendrier grégorien.
Pourquoi ? « A la Chandeleur le jour gagne une heure »
Cette semaine la durée d’éclairement atteindra 10 heures 30, contre moins de 9:30 à Noel, et d’un coup la nature se réveille.
Notre bonne civilisation traditionnelle, fondamentalement rurale et agreste était proche des plantes.
(Photo LOF - Soit Perséphone est là, soit elle est chez Hadès son époux, elle n'est pas entre les deux)
J’ai été choqué des explications tordues des philosophes dans la nouvelle revue « Jardins » de Marco Martella (qui avait écrit des choses excellentes dans Polia) sur un thème qu’il cultive depuis quelques années : le génie du lieu.
(La nouvelle revue Jardins avec un article intéressant de Gilles Clément qui explique qu'il pas de développement durable possible dans un société de consommation non durable par nature et donne le potager comme militantisme révolutionnaire)
Aujourd’hui la civilisation urbaine ne perçoit plus un lieu comme un patrimoine qu’on va transmettre aux siens.
Jadis depuis la sédentarisation on investissait considérablement dans un lieu, avec des échéances de rentabilité très longues
Pour le jardin, d’énormes terrassements, des murs très coûteux, les logistiques de l’eau.
Aujourd’hui rien ne se transmet aux siens, planter un arbre qui produira des fruits dans 4 ans paraît un horizon incroyablement long pour un urbain consommateur ou pour un investisseur.
Un lieu est perçu comme un objet médiatique (un jardin est un objet de visite) à photographier, un jardin reproduit une photo de jardin
Un jardin n’a pas de durée : succès des graminées autrefois systématiquement arrachées.
Un jardin ne se transmet plus.
(Photo LOF - 3 des branches du chandelier d’or de Moïse (p. 355) sont en fleur d’amandier – signal indubitable de retour de la lumière)
La commensalité des plantes et la transmissibilité de la terre forment la pensée, ce qui est remarquable est les rythmes parfois lents, parfois extrêmement rapide, comme cette semaine avec le réveil de la végétation.
Tout va très vite, les oiseaux reviennent, Ann a vu une hirondelle...
(Photo LOF - il y avait des violette, voila des juliennes des dames [Hesperis matronalis]...
... il y avait les camélias
et voila les narcisses )
Lundi beau soleil sans vent après quelques jours secs : on passe les huiles d’hiver sur les fruitiers caducs, il faut faire vite.
Mardi Chandeleur, il faut foncer pour planter les arbres en jauge qui commencent à faire des feuilles, retourner le fumier de cheval qui va être enfoui.
(Photo LOF - vite tout le monde au travail, abeille sur une fève)
Innocent III a raison (p. 1062) la Chandeleur vient en ligne droite de la procession païenne nocturne à Proserpine, Perséphone, la fille de Déméter
(Photo LOF - première feuilles des cognassiers...
des pamplemoussiers,
des grenadiers)
Comme cette puissante déesse de la fécondité il nous faut allumer nos torches pour aller reprendre à Hadès la jeune Persephone qui va habiter de nouveau la nature de sa vie.
Et cela est vrai, dès qu’elle arrive, la nature explose, vite.
Et on est heureux,
on revit car la lumière c’est bon aussi pour nous, impatients de manger les premières asperges.
(Photo LOF - l'envie de fleurir reprend aux tropicales ...
c'est l'annonce du grand moment qui arrivera dans un mois :le printemps
- le verger du bas, le plus froid, avec les pommes, poires, prunes, le problème des hivers brefs pour les caduques : au premier plan un pommier mal aouté n'a pas perdu toutes ses feuilles de l'an dernier)
Le génie de ces lieux, c'est vous, Monsieur.
Rédigé par : Phil' | 05/02/2011 à 23:22
c'est très beau ce que tu écris ainsi que les photos qui les accompagnent. Le temps s'est effectivement adouci ici depuis 3 jours et les enfants me disaient tout surpris ce matin qu'il faisait jour alros que nous partions pour l'école :-)
Rédigé par : Sylvie | 07/02/2011 à 08:30
et si les asperges pointent leur petite tête, à mon avis : elles vont passer un sale quart-d'heure ... pour le plus grand plaisir de fins palais.
Méfiez vous les jeunes pousses, le maître des lieux n'est jamais loin armé de son couteau tranchant.
Até breve
Rédigé par : Jef | 07/02/2011 à 13:28
Bonjour JP tu vas encore nous énerver avec ton printemps précoce, gnark gnark... Ici c'est encore l'hiver et l'on n'a que deux ou trois violettes timides à se mettre sous la dent... F le Jardinier de Marandon.
Rédigé par : Franz42 | 12/02/2011 à 08:08
Comme c'est vrai ce que tu dis "un jardin reproduit une photo de jardin" dommage.
Anne
Rédigé par : Chambiers | 14/02/2011 à 17:23