La 4éme maxime fondamentale du jardin d’Antoine-Joseph Dezalier d’Argenville (Partie I Chap III Théorie et la pratique du jardinage) est de faire toujours paraître le Jardin beaucoup plus grand qu’il n’est effectivement.
Les maximes de Dezalier sont des piliers intangibles … jusqu’au jour où on s’aperçoit qu’on fait le contraire.
C’est ce qui se passe quand on tapisse les murs du jardin de végétaux ou d’azulejos : le jardin devient petit.
Mur vide et clair = jardin grand (murs à fenêtres en miroir, jardin agrandi ), mur tapissé et foncé = jardin petit.
La règle de Dezalier s’entend pour des jardins ouverts sur la campagne : faire une porte ou une fausse porte dans un mur donne l'impression d'ouvrir le jardin
Ce qui n’est jamais le but dans les jardins habités.
(Photo LOF - le panneau d'azulejos du jardin rouge et son dipladénia )
Selon Ann un jardin habité fonctionne comme la maison, on le meuble pour le confort et le plaisir d’y être, et non comme un jardin spectacle qui se met en scène.
Un azulejo andalou de Séville, composé de maillons et des croix bleues et vertes sur fonds blanc est reproduit dans le jardin rouge de LOF, dans un panneau en forme de porte voûtée plein cintre outrepassée.
Il est fait des mêmes maillons et croix, mais blanc et vert sur fond rouge.
(Photo LOF - Azulejo en maillons et croix version de Séville)
La version sévillane donne l’impression d’un moucharabieh, le fond blanc fait qu’on voit comme à travers, l’impression est d’un treillage serré, on ne distingue pas le vert et le bleu.
Il limite l’espace à la façon d’une barrière dense.
La version de LOF sur fond rouge donne une impression toute différente, le décor devient plus aéré, on voit surtout le blanc, en grands motifs.
Même effet : il rapetisse le jardin, de façon plus respirable, sans l’effet fenêtre, mais avec davantage de reflets.
(Photo LOF - Panneau 5 x 8 azulejos de la version de Séville )
Un jardin habité se doit d’être intime et confortable tout le temps.
En cela le jardin habité viole un autre grand principe, celui de Gertrude Jekyll : chaque endroit pour un temps de l’année.
Elle disait qu’il faut faire des décors qui sont parfaits (fleuris simultanément) pendant laps de temps, et ensuite ne plus y mettre les pieds.
Dans un jardin habité, on raisonne autrement : chaque chambre du jardin est faite pour une heure de la journée ou de la nuit.
Le jardin rouge n’a pas le vent de mer, il est impossible de s’y tenir avant 15 heures l’été quand il est à l’ombre, en revanche il est bon d’y prendre le soleil les matins d’hiver.
Le jardin rouge est donc planté de caduques, peu parfumées, foisonnantes pour ressembler à un « cosy den » où on vient parler de tout et de rien toute l’année.
(Photo LOF - Panneau strictement identique 5 x 8 azulejos dans les couleurs LOF jardin rouge : rien à voir ... )
On comprend quelle révolution la notion de jardin a subit quand à la fin du moyen age le nord s’est appropriée le jardin dans toutes ses dimension, révolution copernicienne qui va engendrer le jardin spectacle, essentiellement visuel.
Gertrude Jekyll en est un avatar ultime : le jardin tableau peint – père le jardin-photo actuel (jardin fait pour être photographié).
Cette évolution est notamment marquée par un oubli de la dimension sensuelle du jardin antique.
La revue portugaise Jardins publie ce mois-ci un article sur Queluz, qui résume bien le retour au sud des jardiniers du nord : quand Jean-Baptiste Robillon fait Queluz ( René Carlier raisonne à l'identiquepareil à la Granja) il traite prioritairement l’eau, le jardin est pensé en hydraulicien : arrosage et spectacle.
Comment ne pas être fasciné par la découverte déconcertante et similaire pour JCN Forestier des jardins ibérico mauresques ? il parle prioritairement de l’hydraulique…
non des roses particulièrement florifères ici et dont il est un spécialiste.
Car il a mis en arrière plan le rôle des roses dans un jardin habité : le bonheur parfum.
Les jardins des temps modernes ne conserve presque rien ds jardins habités de l’antiquité et du moyen age andalou.
La redécouverte de la singularité de ces jardins merveilleux commence à peine.
(Photo LOF - ces azuléjos utilisent des techniques cloisonnées qui ont pour effet de compliquer le reflet de la lumière et d'animer le mur, c'est une bonne idée )
Ah oui ! c'est pas mal du tout ça. De manière générale je suis réfractaire à toute surcharge ornementale, mais dans ce cas je crois que vous avez eu raison. Beau travail, bien réalisé et bien étudié. L'effet rendu est saisissant.
Rédigé par : Phil' | 16/07/2009 à 14:06
Et moi qui fais tout pour que le mien paraisse plus grand ... lol !
Mais tu ne nous l'a pas montré celui là ...?! Etait-il en chantier lors de notre séjour ? C'est vraiment beau ces azulejos rouges et verts et tes dipladénias n'en ressortent que mieux !
ça y est, je vais poster Mertola (19ème chapitre) et je fais "l'annonce" du LOF en fin de message ... = VINGTIEME CHAPITRE ... OUF !
Merci pour JIBE, il a été très touché. Biz à tous deux et bon we.
JO
Rédigé par : JO TOURTIT | 17/07/2009 à 06:44
Il nous tarde de découvrir votre jardin
rouge. Que c'est beau !
Rédigé par : gabriella | 17/07/2009 à 13:11
Bonjour,
je ne sais pas comment vous contacter autrement que par un commentaire...
Je souhaitais porter à votre connaissance un site qui vous intéressera peut-être: www.compagnonsdessaisons.com.
Si vous souhaitez plus de précisions, je peux également vous envoyer de quoi rédiger un article (si cela vous intéresse bien sûr)
Rédigé par : Sophie | 21/07/2009 à 14:21