(Photo LOF - Olhos Bolidos profusion, jardin de l’évêque António Paes Godinho, intimité, parfums et fruits)
Repas à Lisbonne dans le jardin du Pestana Palace
Les restes du jardin de la demeure de Jose Luis Constantino, sont une merveille de profusion végétale, il est magnifiquement entretenu
Difficile de ne pas se poser la question de ce qui a amené la notion de profusion végétale vers ce style de jardin parfaitement homogène avec le style décoratif de la fin du XIX° de la grande demeure
On peut le décrire comme riche, exubérant, travaillé dans le détail, extraverti
Dépourvu en revanche de toute luxuriance sensuelle c'est-à-dire qu’il a perdu par rapport à la profusion de l’antiquité et du moyen age andalou : les parfums, les fruits, les musiques d’eau.
(Photo LOF - Lantanas blancs : idéal pour une haie parfumée, supporte bien la taille)
La notion de profusion dans toutes les dimensions de la sensualité est présente dans tous les jardins traditionnels :
- hors de l’occident, l’émerveillement de Bernal Diiaz del Castillon qui découvre les jardins de la Mexico de Montezuma :
« admirable à visiter et à découvrir, je ne pouvais me rassasier de regarder, d’observer la diversité des arbres et des odeurs variées, et le promenoir plein de roses et de fleurs, et la quantité d’arbres fruitiers …l’étang d’eau douce …les murs fort bien blanchis à la chaux, splendidement vêtus de pierres de toutes sortes rehaussées de peinture »
est la même
- en occident - que celle de JNC Forestier quand il découvre les jardins du sud de la péninsule et du Maroc :
« les artisans persans ou musulmans associaient la science subtile des jardins, le sens de la combinaison des plantes odorantes, des fleurs brillantes, des fruits, des sombres feuillages, avec d’innombrables fontaines, de discrets bassins … de petits jets d’eau… sertissaient l’eau dans les émaux colorés de leurs faïences et dans les marbres… »
Ann dit des jardins modernes : ce ne sont pas des jardins, ce sont des parcs.
(Photo LOF - Belle de nuit, merveilleux parfum à l'heure où il est bon d'aller s'asseoir au jardin)
C’est à la fin de la renaissance que les jardins commencent à perdre en sensualité pour devenir des jardins pour les yeux et pour l’intelligence au lieu de jardins pour les sens et le plaisir.
Sophie visitant les jardins renaissants de l’Italie Florentine écrit « Ce ne sont pas des jardins pour les jardiniers. N'y cherchez pas de plantes rares, ou d'associations exquises. Ce sont des jardins d'architectes qui mettent en scène leurs constructions, des jardins de poètes pour élever l'âme … »
Pourtant, les cédrats du Lac de Garde - la beauté du fruit, la belle verdure et le parfum : un jardin à lui tout seul - sont toujours présents de la villa Catulle aux jardins des Médicis
Ce sont les renaissants italiens qui inventent les serres à Padoue au XV° siècle, pour entretenir des plantes rares…
Et toute cette dimension a disparu du jardin romantique puis du jardin moderne.
(Photo LOF - LOF jardin blanc le matin - printemps 2008)
Pourquoi ?
Est-ce par ce que, à partir de la renaissance, nous percevons le monde à travers l’écrit et les images, puis de nos jours à travers les écrans que nous perdons dramatiquement notre capacité de bonheurs sensuels ?
Le luxe du bonheur des sens
Nous sommes arrivés au Portugal immigrant de France, quelques jours après Noel, à Evora.
Il y avait dans le jardin de l’ancien cloître ou nous avons pris un repas de magnifiques orangers en fleur et une lumière si belle.
C’était un grand retour dans le pays de l’enfance mythique du monde, D. Joao II qui mangeait dans le jardin du palais épiscopal d’Evora tel que le décrit Jeronimo Müncher, avant de décider de planter des milliers d’agrumes,
découvrant à travers la tradition méditerranéenne toujours vivante ici le goût pour le luxe de vivre dans un jardin.
Faire un jardin pour y vivre…heureux,
comme avant
Les paradis ne sont pas toujours perdus.
(Photo LOF - un simple patio et quelques agrumes... et tous les sens participent )
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J'espère bien qu'ils ne sont pas tous, et pas toujours perdus !!
En tout cas il y en a un qu'il n'est pas difficile de situer ni sur la planisphère ni sur la blogosphère ;-)
Rédigé par : Fincasor | 22/08/2008 à 13:15
De tous les jardins que j'ai vus et ceux que je souhaite voir, le tien dans sa luxuriance ordonnée, est celui que je rêve de connaître. Le "trop peu" que j'ai pu admirer ne me suffit pas ! Quand je regarde ton jardin "blanc" avec son bassin, ses arbres et ses fleurs blanches, je rêve que le mien est immense et que je peux l'agencer à mon goût, inspirée que je suis de l'orientalisme ramené de notre long séjour marocain ...
Biz et bon we
Rédigé par : jo tourtit | 22/08/2008 à 18:09
Votre jardin blanc s'est étoffé magnifi-
quement ; où en est le jardin bleu ?
Rédigé par : gabriella | 23/08/2008 à 12:14
nous avons commandé des azulejos pour le jardin bleu
ils seront mis en place cet automne
et planté 2 baobabs fruitiers
et je vais supprimer les cassis qui n'y font aucun fruit
Rédigé par : jp | 24/08/2008 à 09:10
Je me demande si les plus beaux jardins ne sont pas ceux dont on rêve...
Rédigé par : Phil' | 27/08/2008 à 22:06