(Photo LOF - Quinta de St Antonio dos Capuchos à Portel, jardin derrière un mur - comme il se doit - avec une jolie porte)
Il n’y a pas de cigales en Alentejo.
Quand vient la chaleur, vient aussi le silence.
Jose Flaminio Roza qui préside la fondation « Alentejo terra mae » ( Alentejo terre mère ) note qu’ici la suffocante chaleur des après-midi d’été se dit « calma » : le calme.
« Esta uma grande calma » : "il fait très chaud" devient "c’est une immense paix".
Il poursuit que ce moment invite au repos à l’ombre d’un mur ou d’un arbre.
(Photo LOF - le petit potager d'Ann, avec des pommiers colones et de la pomme "Ontario" en espalier)
On lit dans les documents que vient de diffuser la ministre de l’écologie française aux préfets « Cadre pour les projets territoriaux de développement durable et Agendas 21 locaux » qui fixent les objectifs de ces projets : « Urbanisme … fabriquer le cadre de vie de demain pour redonner le goût de la vie en ville… »
2/3 des Français rêvent d’avoir un jardin.
Bonne chance.
(Photo LOF - Au fond du jardin de LOF il y a un jardin potager et bouquetier de sable rapporté ici pour les plantes qui n'aiment pas l'argile, petit jardin bien agréable qui commence à être envahi par les patates douces)
L’antiquité est traversée d’une suspicion récurrente de l’urbain.
L’équilibre intérieur était le but de chacun.
Il passe pour les anciens par l’’impérieuse nécessité d’une réflexion personnelle.
D’où le besoin d’avoir une retraite, villa de campagne dans les arbres, jardins.
« Heureux celui qui fréquente les dieux agrestes, Pan et le vieux Sylvain, les Nymphes sœurs,
il ne voit ni pauvres à s’apitoyer, ni riches à jalouser,
les fruits des arbres il les cueille en se moquant bien de la sévérité des lois… »
« fortunatus et ille deos qui nouit agrestis Panaque Siluanumque senem Nymphasque sorores… »
Virgile Géorgiques Chant II 490
Dans nos jardin-refuges nous trouvons la paix, car nos jardins procurent des certitudes.
(Photo LOF - Jean-Noël Robert note que Ciceron n'emploi pas le mot plaisir (voluptas) pour parler du bonheur d'être retiré dans les jardins de sa villa mais celui de délectation (delectatio) - Nous ne savons pas où était sa villa d'Antium)
La paix et le plaisir sans fond de voler aux guêpes, mouches et frelons (après leur avoir expliqué les vertus du partage) les figues qui mûrissent à toute vitesse sous l'écrasant soleil d'un été qui ressemble enfin à quelque chose.
La paix et le bonheur d'écouter les faucons bataillant dans les arbres du parc voisin pendant qu'on emballe soigneusement et plein d'espoir, les grappes de raisin vert dans de petits sacs de papier cristal en prévision de parfaites à défaut d'être abondantes.
La paix, oui.
La paix au jardin.
Rédigé par : fincasor Twillartee | 24/07/2006 à 18:04
Superbe (et toujours bien venue) référence aux classiques. Belle citation de Virgile !
J'ai pensé à Ann et toi, quand je suis retourné visiter les jardins de la villa Hanbury (à la Mortola, près de Vintimille). La colline était bien sêche, mais la magie était bien présente. Il faudrait que je retrouve les devises que les propriétaires avaient placées dans le jardin.
Rédigé par : Phil' | 30/07/2006 à 04:03