Brigitte de C. - Toulouse France - présente ses pastels familiaux dans le cadre de LOF Foundation
(Photo LOF - Impresionnante galerie de portraits du haut du remarquable escalier : Alexandre II de Toulouse Lautrec est en bas à gauche, deux portraits au dessus un grand pastel ovale XIXème)
1- Le Comte Alexandre II de Toulouse-Lautrec, vicomte de Montfa (etc) (40x56). Né le 03/10/1696 et mort en 1762 il épouse en 1720 Catherine de Villeneuve. Ne pas confondre avec Alexandre de Toulouse son grand père (1633-1699) qui vendit les droits sur la vicomté de Lautrec. C’est par tradition familiale que ce pastel est identifié, l’indication « comte de Toulouse-Lautrec » figure au dos, d’une écriture XXème. Ce portrait date de la décennie 1730.
Le travail du visage est remarquable, grande présence du regard aux yeux gris-vert, tracé précis du nez (La Tour indique qu’il faut être rigoureux sur ce détail), le cadrage est assez haut et parfaitement décalé à droite, il s’agit d’un travail de bon professionnel.
Le portrait est inachevé. La bouche et les ombres derrière la bouche sont encore trop rouges, seule la lèvre supérieure est en cours d’achèvement. Les cheveux marquent un début d’ombre mais la partie éclairée n’a pas de relief, le bleu en ombre du manteau est absent, le tissus de l’habit n’est pas fait, les passementeries sont à peine esquissées, la cravate sans ombre, de fonds (qui aurait été gris souris) est totalement absent.
(Photo LOF - détail du portrait d'Alexandre II de Toulouse Lautrec par Colson père)
Ces détails permettent d’attribuer à coup sûr ce portrait à Colson le père (Jean-Baptiste Gilles 1686-1762) qui sillonnait le sud de la France à ce moment. Colson portait tout son intérêt sur les visages, travaillait vite (le visage était réglé en deux heures maximum et en trois poses) et dans la précipitation. Grâce à Brigitte de C. c’est le premier pastel de Colson père qui est publié, on lui en attribue une grande quantité (4000 selon son fils). Tous les amateurs de pastels XVIIIéme seront reconnaissants de connaître enfin la manière de ce remarquable portraitiste professionnel, aîné de La Tour de 18 ans.
Voici l'article Paul Ratouis de Limay dans son « Dictionnaire des pastellistes » (Paris 1946) p. 167-168
Colson (Jean Baptiste Gille dit), (1686 1762).
"Gille, dit Colson, détient sans contredit le record du nombre des pastels exécutés par un artiste s'il faut en croire l'abbé de Fontenai, ( Dictionnaire des artistes (1776), notice fournie par M. Colson, peintre de portrait, fils du précédent) : « Aucun peintre, écrit-il, n'a fait plus de portraits en pastel. D'après la liste qu'il en avait tenue, pendant 24 années de courses et de voyages dans les provinces méridionales de la France, il en comptait plus de quatre mille. Il mettait une si grande célérité dans son travail, qu'il n'employa jamais plus de deux heures à une tête; et pendant cet intervalle de temps, il se reposait ordinairement trois fois, et fumait une pipe à chaque pause pour se distraire; il toit dans l'usage de compter sa première, seconde, troisième ou dernière séance d'après le nombre de pipes qu'il avait fumées. Ses têtes étaient d'une ressemblance parfaite; elles étaient gracieuses, et ne sentaient nullement le travail et la peine. »
Pour arriver à faire en deux heures des portraits « d'une ressemblance parfaite », Colson avait un procédé assez particulier que nous dévoile l'abbé de Fontenai : « La carrière l'effraya, écrit-il; il se borna à une simple tête et négligea un peu l'étude des autres parties nécessaires à un peintre de portraits. Il imita, pour l'ajustement des siens, les portraits les plus à la mode de son temps; et il n'en fit presque jamais de sa composition, ni même d'après nature : il en avait plusieurs qu'il répétait et qu'il s'était fait dessiner par quelques-uns de ses amis, artistes habiles, au nombre desquels étaient Vanloo père, Parrocel des Batailles, Grimoult, Nicolas Coypel. »
Ainsi, Colson devait proposer au choix de ses modèles plusieurs poses différentes, plusieurs habillements tout faits; il ne lui restait plus qu'à dessiner la tête et à l'adapter sur le buste choisi, un peu comme les Romains qui plaçaient des têtes sur des statues déjà faites. (Nota LOF plus certainement l’inverse)
Jean Baptiste Gille, dit Colson, était né à Verdun, en 1686. Sur les conseils du maréchal de Vauban auquel il était apparenté, il suivit son penchant pour les arts malgré l’opposition de son père. Il quitta, sa ville natale pour venir à Paris où il fut l'élève du peintre d'histoire Christophe. Obligé de gagner sa vie, il commença par faire de la miniature en copiant des portraits que le roi envoyait dans les cours étrangères.
S'étant brouillé avec le cardinal de Fleury qui lui avait marchandé le paiement d'un portrait du roi destiné à être serti sur une bague de la reine, il perdit les commandes officielles et se consacra au pastel. Il fit, avec ce procédé, non seulement de grands portraits, mais encore des miniatures « qu'il était parvenu à rendre aussi précieuses que la miniature ordinaire. (Abbé de Fontenai) »
Son talent semble cependant, avoir été fort apprécié, mais peut-être l'abbé de Fontenai, inspiré par la piété filiale du fils de Colson, se laisse-t-il entraîner par lui à une certaine exagération quand il écrit : « Sa maison était le rendez-vous de tous les honnêtes gens; on était sûr d'y trouver en tout temps nombreuse compagnie et sa porte était continuellement assiégée de carrosses dans toutes les villes considérables où il séjournait. Il ne peignait jamais hors de chez lui, et l'on retenait son heure un mois d'avance... »
Le duc d'Orléans, régent, témoigna d'une amicale bienveillance envers Colson avec lequel il aimait, paraît-il, à s'entretenir en parcourant sa galerie de tableaux.
Colson, qui avait épousé l'une des filles du graveur Gaspard Duchange, fit des séjours à Avignon, à Lyon, à Dijon, à Grenoble, à Toulouse. Il mourut à Paris, en juillet 1762. Mais que sont devenus ses 4.000 pastels ? "