(Photo LOF- Haricots mangetout à soupe)
Jean d’Ormesson prétend que le plus petit dénominateur commun des français est leur langue.
C’est davantage leur cuisine.
Il suffit de voir la place des blogs de cuisine en français.
La France est encore le pays le plus représenté (de peu) dans le classement des 50 meilleurs restaurants du monde de Restaurant Magazine et on voit bien dans le classement l’influence prédominante de la tradition culinaire française sur la façon de juger les restaurants et de concevoir la cuisine même si les restaurants sont ailleurs.
Le 1 est en Catalogne - El Bulli - complet pour 2006.
Il ne donne pas d’accès direct aux photos de ses plats.
L’Académie qui organise la notation est largement internationale, mais la sélection des juges marginalise complètement les cuisines non latines : japonais et coréens et plus généralement représentant de ces merveilleuses cuisines fondées sur le respect et la mise en valeur minimaliste d’un produit de la nature d’une qualité irréprochable et servi à point.
Il en résulte une option d’une cuisine avant toute fabriquée, spectaculaire, architecturale et rarement jubilatoire quoiqu’en disent les déclarations d’intention d’El Bulli ou de Fat Duck.
Il ne faut pas s’étonner de voir en tête des représentants de la cuisine « moléculaire », c’est à dire synthétique illustrée par Thomas Keller (4 et 8 mondial).
Il est fascinant de lire chaque mois les recherches de Pierre Gagnaire (3 mondial), infatigable créateur, qui traite ce mois-ci des « conglomèles - fruits et légumes " artificiels ".
« L'artifice, c'est l'honneur de l'esprit humain. Viande artificielle, poisson artificiel : les fibrés sont dans les deux cas. Mais dans les fruits ? Mais dans les légumes ? Cette fois, les cellules végétales sont plutôt rondes, comme des grains de caviar, et non allongées ».
(?? comprenne qui peut) (Photo LOF - Oseille douce)
Le classement ne comporte aucun restaurant japonais alors que chacun a souvenir des repas d’une perfection absolue et d’une beauté irréelle, de l’art de la découpe et de la sélection des produits, de la distinction des vaisselles, de la variété des saveurs extrêmement subtiles qu’on trouve au pays du soleil levant – pour prendre un exemple incontestable.
Tetsuya à Sydney (5eme mondial) a un chef japonais sert une cuisine francisée.
Le classement exprime une vision de la restauration et une tradition qui ne recouvre qu’une partie du bonheur de bien manger, une (faible) partie la connaissance de la richesse végétale et des centaines de variétés de légumes et de fruits, du savoir de leur maturité, l’expression de leur perfection.
Il est l’heure d’aller cueillir les petits pois pour midi.
(Pois Merveille de Kelvedon premier après Pâques, faire pousser dans ombre le matin, cueillir à 11 heures 30 pour un repas dans l’heure, sélectionner les gousses vertes pas totalement mûres, rejeter les verts jaunes et les gousses trop pleines, ne pas laver) (Photo LOF- verre d'eau de cédrat vert dans la main d'Ann)
A nouveau une sage conclusion, et bien sentie, par dessus le marché.
Ca me fait penser à M'zelle Fumiko (la parisienne...) pour qui le meilleur restaurant du monde est un vertige de simplicité, bien caché quelque part au Japon, minuscule, tenu par le même couple depuis des années. De l'extra-frais, du simple.
Du vrai, tout bonnement, comme les petits-pois du jardin d'Ann et Jean-Paul. Le reste, c'est d'la littérature.
Rédigé par : Phil | 01/05/2006 à 03:34
Cette liste me semble être une belle connerie. J'en connais quelques uns, d'autres me sont inconnus et le resteront.
Il me semble qu'il y a des critères qui ne sont pas admis comme :
- l'humeur du jour
- le degré de gargouillement d'estomac
- l'aspect monétaire de la chose
Bref tout ça est très subjectif. C'est comme voter pour "le meilleur film du siècle", "le meilleur père de l'année"...
Ça sent pas la manipulation marketing tout ça ?
Rédigé par : Joao | 02/05/2006 à 11:40