Version française d’un article de la revue «Jardins»
- Lien sur les producteurs européens de feuilles de combava fraîches.
- Lien sur le Téléchargement Fiche Combava français 1.5
- Lien sur le Téléchargement Fiche Combava english 1.1
- Lien sur le Téléchargement Combava 2010 09 pt de la revue « Jardins »
- Note : African Journal of Biotechnology Vol. 9(3), pages 326-330 de janvier 2010 à publié une intéressante étude du l'Université Putra Malaysia (M. Fadlinizal Abd Ghafar, K. Nagendra Prasad, Kong Kin Weng, Amin Ismail) qui montre la forte tenaur en flavonoïdes et en composés phénoliques des combavas ( Téléchargement Combava phenol Abd Ghafar). Il convient donc d'être prudent dans la manipulation et l'usage de ce fruit.
(Photo LOF - Citrus hystrix DC. parfois histrix)
Combava, en portugais Cumbava est - d’après le dictionnaire étymologique des créoles français d’Annegret Bollée - l’orthographe des anciennes cartes pour l’ile indonésienne (Iles de la Sonde sur la mer des Moluques) de Sumbawa (ou Bima), à l’est de Bali appelée ainsi jusqu’au début du XIX ème siècle par les français (La Perouse dit Sumbava ou Combava) et les anglais, notamment Cook.
Manuel Pimentel parle bien de Sumbava en 1762 dans la route maritime de Goa pour Timor mais Pierre Poivre dit toujours Combava en 1797.
C’est lui, botaniste passionné d'acclimatation, qui a découvert le petit agrume condimentaire sur (ou provenant de... via Timor) l’ile éponyme avant de l’acclimater à Maurice entre 1767 et 1772 dans son Domaine de Mon plaisir au Jardin des pamplemousses.
Il baptise l’arbre "citronnier de Combava des Moluques" et ce nom est conservé dans les inventaires des jardins botaniques de Maurice et La Réunion pendant 70 ans au moins.
Son élève Jean-Nicolas Céré est le premier à nommer ainsi la plante.
(Photo LOF - Combava, excellent pour parfumer le thé d'après Philippe Latour, producteur en France)
Decandolle (DC.) décrit et baptise l’arbre à Montpellier en 1812 (Citrus Hystrics : citronnier hérisson à cause des nombreuses épines) il en fait parvenir au jardin des plantes de Paris, d’après Rissot (1822) ces exemplaires proviennent de graines de Timor.
Combava est employé en portugais, espagnol, italien, français, c’est du sud de l’Océan indien, via les hollandais, que partira l’autre nom de la plante « Kaffir » lemao, Kaffir lime etc.
Utilisé en Europe du nord et du centre, Kaffir veut dire infidèle en arabe, et désigne avec mépris les noirs dans cette région depuis les arabes.
Kaffir lime est récent, la première mention en anglais est 1914 et, dans la presse anglophone, la première recette date de 1982 au Texas…
Pour compliquer davantage, le nom actuel du Combava dans les îles du Sud de l’Océan indien est Makrut, nom thaï de ce fruit, ayant probablement une origine khmer : la Thailande est le principal exportateur de ce fruit de nos jours.
(Photo LOF - diamètre moyen du fruit 4 cm)
Pourquoi cet agrume est il parvenu si tardivement sur nos tables, toujours presque inconnu début XXIéme siècle ?
Pourquoi les commerçants portugais qui connaissent parfaitement la région de Timor, l’archipel des épices et le commerce des aromatiques n’ont-ils pas, contrairement à leur habitude, diffusé cet excellent condiment ?
Grand mystère.
D’une part sa culture est facile au Portugal dans la zone littorale à hiver doux.
Il est quasi insensible à la terrible Phillocnistis citrella (la mineuse de la feuille)… on peut donc le produire bio sans problème, ce qui est indispensable pour un agrume dont on utilise soit le zeste, soit les feuilles.
Il accepte bien d’être cultivé en pot, le vert du feuillage est beau, sombre et brillant, le fruit bosselé est original.
Il est productif, à partir de la fin août, il donne pour la famille, les amis, les voisins et les amis des voisins.
D’autre part, son parfum de citronnelle et la saveur muscadée accompagnent parfaitement le poisson.
Il supporte la cuisson, mais l’idéal est de le râper directement dans l’assiette, ou aussi dans l’huile d’olive.
On l’utilise comme la menthe pouillot.
Les deux grandes innovations qui vont faire entrer ce merveilleux agrume-épice dans votre jardin sont :
- le congélateur qui permet de le conserver comme frais,
- et la râpe américaine microplane agrume moyenne qui permet d’enlever le vert du zeste et non le blanc amère.
(Photo LOF - Kaffir lime, le fruit ramoli dans les jours qui suivent la récolte, y compris en laissant 1 cm de pédoncule, mais les feuilles s'utilisent facilement séchées)